Encore un très bon moment de lecture de cette rentrée littéraire avec un roman post-apocalypse qui n’est pas sans rappeler La route !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Comme pour Le froid modifie la trajectoire des poissons, j’ai trouvé ce livre de la rentrée littéraire 2010 chez mon bouquiniste. Je crois que je vais y refaire un tour pour en dénicher d’autres très prochainement !

La quatrième de couv :

À la frontière d’un monde perdu et glacé, Makepeace – shérif d’une ville de Sibérie vidée de ses habitants – patrouille dans les rues désertes, sauvant les livres et les armes des décombres. Cette terre froide et inhospitalière porte les stigmates de la catastrophe qui a détruit le monde alentour. Mais c’est là aussi que Makepeace découvre des preuves de survie lorsque le ciel au-dessus de sa tête est pour la première fois traversé par un avion. Alors Makepeace prend la route, à cheval, les armes à la ceinture et l’espoir chevillé au corps. Ses pas laissent derrière eux l’empreinte de nos angoisses sur la survivance de notre civilisation mais sèment l’espoir, malgré tout, de la rédemption.

La quête hantée et bouleversante d’un personnage qui explore, à travers un monde dévasté, le genre humain et la possibilité de sa fin. Au bout de ses pas, de son souffle, et de sa force, la fable renaîtra ou expirera avec Makepeace.

Mon avis :

Le shérif Makepeace est bien seul dans sa ville d’Evangeline. Toute sa famille est morte depuis longtemps, les habitants sont partis ou sont morts eux aussi. Mais Makepeace tente, tant bien que mal de continuer. Cette terre, c’est ses parents qui l’ont choisie, à un moment où leur monde était sur le point d’imploser, où ils avaient l’impression que tout le monde s’était déconnecté de la terre et des vrais valeurs. Alors ils sont venus là, sur cette terre située tout au nord du monde, pour essayer de reconstruire quelque chose, de repartir sur de nouvelles bases.

Mais Makepeace se pose des questions : est-ce que le monde de ses parents existe encore quelque part ? Est-ce que ça sert vraiment encore à quelque chose de se battre contre les éléments, contre les nomades, contre soi-même ? Est-ce que de toute façon cette terre n’est pas tout simplement perdue, déjà trop polluée ? Le shérif est sur le point de laisser tomber quand un avion passe dans le ciel… Et s’il y a un avion, ça doit vouloir dire que quelque part, il y a encore une civilisation. Peut-être même des gens qui vivent dans une bien meilleure condition… Est-ce que l’espoir est permis ? Makepeace n’hésite pas longtemps avant de plier bagage et de partir à la recherche de ces autres qui pourraient lui redonner foi en la vie…

Attirée au début par ce shérif singulier qui cherche à sauver les livres, j’ai vite été plongé dans ce roman qui fait penser forcément à La route pour ce monde post-apocalypse où le but principal est de survivre. Mais, au contraire du roman de Cormac McCarthy, il y a ici un peu d’optimisme, une lueur au bout du chemin. Le roman semble plus ouvert aussi sur les questionnements : Comment en est-on arriver là ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait pour éviter ça ? Est-il possible de vivre avec cette nouvelle donne ? Et au final, va-t-on devoir refaire toujours et encore les mêmes erreurs ? Se rattacher toujours à la même façon de faire et de vivre ? Je n’en dis pas plus. De nombreuses surprises vous attendent dans ce roman qui ne devrait pas vous lâcher !

Extrait

Il disait que ça l’avait frappé à l’époque où il voyageait à peu près une fois par an, avant de rencontrer ma mère. Quel que soit le pays du monde – l Perse, Siam ou les Indes, l’Europe, les mers du Sud ou la Mésopotamie -, les pauvres avaient commencé à se ressembler, à vivre de la même façon, à manger les mêmes choses, à s’habiller pareil avec le même type de vêtements, tous fabriqués dans la même région de Chine.
Pour lui, c’était le signe que les gens s’étaient coupés de la terre. Je ne sais s’il avait tort ou raison. Quand j’ai été assez grande pour m’intéresser à son monde, il était déjà en voie de disparition.

Nous avions été si prodigues du savoir durement acquis par l’humanité. Tous ces petits faits arrachés à la terre. Le nom des plantes et des métaux, des pierres, des animaux et des poissons ; le mouvement des planètes et des vagues. Tout cela réduit à néant, comme les mots d’un message primordial qu’un idiot aurait mis à laver avec son pantalon et récupérés tout brouillés.
On était là, à un jour de marche de la Zone, prêts à voler à la terre souillée les choses qu’on n’avait plus l’intelligence ni les moyens de produire. Et une fois épuisées les ressources de la Zone, on aurait de la chance de se retrouver dans la peau de ce môme, traquant des animaux empoisonnés dans une forêt qu’on ne serait plus capable de nommer.

Détails :

Auteur : Marcel Theroux
Traducteur : Stéphane Roques
Editeur: Plon
Date de parution : 26/08/2010
288 pages

Cette chronique a déjà été lue 14426 fois.

%d blogueurs aiment cette page :