De l’amour, de la sensualité, un passé idéalisé, un présent convenu, du fantasme… et toujours et encore l’écriture si belle de Murakami.
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
On avait eu d’abord La course au mouton sauvage, ensuite Après le tremblement de terre. On continue aujourd’hui la découverte de Murakami.
La quatrième de couv :
Hajime a connu pour la première fois l’amour en compagnie de la douce Shimamoto-San. Séparés par la vie, il n’a pourtant jamais oublié. Aujourd’hui, à l’aube de la quarantaine, Hajime est devenu un homme ordinaire et s’est construit une vie agréable entre sa famille et un métier qui lui plaît. Ce fragile équilibre résistera-t-il à ses retrouvailles avec Shimamoto-San ?
Mon avis :
Hajime est né enfant unique dans une famille japonaise. Un fait tellement rare dans les années soixante qu’au cours de ses six années d’école primaire, il ne croisera qu’une autre enfant unique : Shimamoto-San. Et de cette rencontre naîtra une relation elle aussi unique. Avec elle, il va découvrir les premiers émois de l’enfance, la musique, les moments partagés et les bonheurs tout simple. Mais Hajime déménage, ils se retrouvent dans des collèges différents et petit à petit, ils s’éloignent… Et ne se reverront pas pendant près de trente ans.
Trente ans pendant lesquels Hajime va vivre ou plutôt vivoter : un amour de lycée qui va mal tourner, des études qui ne l’intéressent pas, quelques histoires sans grandes importances, un premier boulot d’un ennui mortel. Bref, Hajime n’est pas heureux sans Shimamoto-San. Il le sait, il le sent, avec elle, sa vie aurait une saveur différente. Mais il n’arrive pas à la retrouver.
Et puis il rencontre Yukiko. Celle qui va devenir sa femme. Celle qui arrive enfin à le faire vibrer. Une nouvelle vie commence très vite pour lui : une passion qu’il va se découvrir avec ses clubs de jazz, deux enfants merveilleux, une belle voiture, une maison de campagne, un bel appartement, une femme aimante… mais le souvenir de Shimamoto-San est toujours là, comme un fantôme rodant autour de lui, sans relâche. Et trente ans plus tard, elle réapparait, bouleversant toute la vie bien rangé et toute tracé qu’il avait construite.
Murakami pose le problème du choix entre raison et sentiment, entre le passé (souvent idéalisé) qui ressurgit et le présent, bien ancré, mais qui peut sembler monotone. Entre sensualité et émotion, il nous entraine dans une histoire énigmatique, qui balaye tout sur son passage, quitte à faire mal aux autres, quitte à se faire mal aussi. Mais là où La septième rencontre de Wassmo nous offrait une fin assez attendue, Murakami nous plonge avec Hajime dans des questionnements sans fin. Est-on dans un monde fantasmatique ou est-ce toujours la réalité ? On ne sait pas, et c’est tant mieux !
Extraits
Aujourd’hui encore, je me rappelle nettement cette sensation si différente de tout ce que j’avais connu jusqu’alors, et de tout ce que je ressentis par la suite. C’était simplement la menotte tiède d’une fillette de douze ans. Mais il y avait, rangés à l’intérieur de ces cinq doigts et de cette paume comme dans une mallette d’échantillons, tout ce que je voulais et tout ce que je devais savoir de la vie.
Détails :
Auteur : Haruki Murakami
Traducteur : Corinne Atlan
Editeur : 10-18
Date de parution : 06/02/03
224 pages
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Un roman qui m’avait beaucoup touchée à un moment difficile de ma vie, ce qu’a vécu Shimamoto-San je l’ai vécu et la lecture de ce roman a été très importante pour moi, certaine phrases m’ont marquée à vie parce qu’elles correspondaient à ce que je ressentais !
Je n’ai jamais vécu cela, mais ce passage m’a quand même beaucoup marqué et ému. Je pense qu’en tant que femme, ayant l’âge d’avoir des enfants, on y pense, on sait que ça peut arriver. Mais on ne peut pas savoir ce que ça fait, au fond des tripes. Et j’espère ne jamais le découvrir…
J’imagine qu’effectivement cette lecture a dû être bouleversante pour toi !
Je te souhaite aussi de ne jamais le vivre ! c’est aussi pour cela que les livres sont si importants, ils nous aident à vivre l’insupportable !
Oui, et à répondre à des questions. J’ai de plus en plus cette impression de rechercher dans les livres des réponses à ce qui me préoccupe. Ou pouvoir trouver l’auteur qui à un moment va avoir exactement la phrase ou le sentiment que j’aurai moi-même beaucoup de mal à formaliser !
Toutes mes lectures ne partent pas de là, mais on s’en approche souvent. Merci les livres et merci les auteurs 🙂
Bien sûr la littérature et les livres nous offrent plaisir, dépaysement, évasion mais comme tu le dis quand soudain, au détour d’une page, une phrase nous rentre dedans, correspond pile à ce que l’on vit, ce que l’on ressent alors ce livre prend toute sa dimension… et c’est cela que je recherche dans la littérature et les livres !
« une phrase nous rentre dedans » : ça c’est très bien dit. C’est tout à fait ça !
J’avais bien cette lecture mais elle reste pour moi moins marquante que Kafka sur le Rivage.
Kafka sur le Rivage est visiblement le summum de Murakami. On m’en parle tellement que j’ai peur d’en attendre de trop du coup. Alors je pense que c’est celui que je lirai en tout dernier. La cerise sur le gâteau en somme !
Je n’avais pas vraiment aimé ce roman : Hajime m’agaçait.
Je ne me suis « réjouie » qu’en lisant la fin…
ahah, le vengeance de la fin 😉
J’ai bien aimé la fin, mais pas pour les mêmes raisons, car Hajime ne m’a pas agacée. J’ai aimé pour cette fin ouverte, qui ressemble à la vie, avec ses choix pas toujours évident à faire.
Il faut vraiment que je découvre cet auteur ! Il me semble qu’avec Matilda on a prévu de lire Kafka à la fin de l’année ! Si tu veux te joindre à nous, c’est avec plaisir !!
Tu veux que je te prête celui-ci et Après le tremblement de terre ? Je peux te les amener samedi et tu me les redonneras à ton prochain retour en France. Tiens-moi au courant !
Ce titre est dans ma PAL. Je n’ai lu qu’un Haruki Murakami, mais j’ai hâte de me pencher sur les autres.
Tu as lu lequel pour l’instant ?
Je l’avais lu juste après mon gros coup de coeur pour Kafka sur le rivage et je n’avais pas aimé. J’avais trouvé ce roman lent, il ne m’avait pas touché.
Vous me mettez une pression énorme avec Kafka sur le rivage ! Je vais vraiment lire tous les autres Murakami avant et laisser ce chef-d’œuvre pour la fin…
Je l’ai lu il y a longtemps. Je ne me rappelle plus tous ces détails, juste une sensation de grande poésie!
Je crois que c’est ce qui se retient le mieux de Murakami…
J’avais beaucoup aimé ce livre, ça me donne envie de le relire !!
Le suivant sur la liste est Les amants du Spoutnik. J’espère qu’il sera aussi bien !
Lu grâce au Blogoclub, je n’avais pas apprécié ce questionnement de la quarantaine.
C’est le 1er Murakami que tu lisais ou il y en a déjà eu d’autres ?