Editions de l'Abat-JourJ’avais découvert la maison d’édition lorsqu’elle m’a proposé en 2010 de découvrir Tuer le temps, puis Crevez charognes en 2011. Deux romans violents et dérangeants, mais très intéressants ! Actuellement, je découvre Hirondelle ou martinet ? de Serge Cazenave-Sarkis.

Ça faisait un moment que je pensais à les contacter pour leur proposer ce petit questionnaire habituel. C’est maintenant chose faite. Donc si vous aimez ce qui est noir, violent, dérangeant et anticonformiste, lisez la suite. Ça ne pourra que vous plaire !

 

Pouvez-vous présenter votre maison d’édition ?

Nous sommes une petite maison d’édition indépendante créée fin 2010 et basée à Bordeaux, qui publie essentiellement en numérique (pour l’instant tout du moins). Je suis seul à bord, mais je reçois régulièrement l’aide précieuse de Marianne Desroziers (du blog Le Pandémonium Littéraire), notamment pour ce qui concerne notre revue numérique et trimestrielle L’Ampoule.

Notre ligne éditoriale tente de se démarquer de la production actuelle, en faisant la part belle à des textes étranges, sombres, violents, drôles, barrés, foutraques, tout ce qui sort de l’ordinaire, à la fois dans le style et les thèmes abordés. Nous avons publié à ce jour quatre titres (trois romans et un recueil de nouvelles) dans cet esprit anticonformiste et atypique.

À côté de ça, nous proposons un important contenu en ligne, lisible par tous. Avec notre revue, donc, mais aussi plus de 250 nouvelles et articles culturels, une dizaine de feuilletons littéraires et des lectures de nouvelles au format MP3.

Pourquoi avoir choisi, entre autres, le support en numérique et qu’est-ce que cela vous apporte ou vous permet d’apporter aux lecteurs ?

Au départ, deux raisons nous ont poussés à opter pour le numérique : des frais moindres pour se lancer, et du fait du peu de risques financiers encourus, la possibilité  de publier exactement ce qu’on voulait, sans obligation de plaire à un public quelconque.

À l’usage, je me suis aperçu que publier en numérique enlève une bonne part de la « pesanteur » qu’il peut y avoir dans l’édition traditionnelle. Les auteurs nous contactent facilement par email, je réponds de manière argumentée et rapide (dans la mesure du possible), ce qui permet d’instaurer un dialogue, de retravailler les textes, d’échanger autour d’une même vision de la littérature.
Le numérique a aussi l’avantage de faciliter la diffusion de textes en accès libre (pages web, lecteur type Calaméo, fichiers PDF). C’est pour nous un bon moyen de faire découvrir nos publications, et les lecteurs peuvent profiter d’un grand nombre de textes en ligne.

Est-ce que le fait de publier en numérique change quelque chose dans votre façon de choisir les prochains auteurs à publier ?

Livre papier ou numérique, ce qui prime pour moi c’est la qualité littéraire. Je ne mets en avant que les textes qui me plaisent et me paraissent dans l’esprit de ce que nous publions. Je ne tiens pas du tout compte du nom des auteurs, de leur C.V. ou même du fait que nous les avons déjà publiés par le passé. Je garde ce qui me semble le plus intéressant, d’un strict point de vue littéraire. Un second critère de sélection pourrait s’ajouter : la capacité d’étonnement. Quand un texte me surprend, me « remue » d’une manière ou d’une autre, je n’ai qu’une envie : que d’autres ressentent la même chose à sa lecture !

Vous dites que vous faites de l’anticonformisme votre marque de fabrique. Et vos textes sont effectivement à part, très sombres, violents parfois. Pourquoi ce choix délicat ?

Le marché du livre est quasi saturé en France, et les maisons d’édition, y compris numériques, publient presque toutes des textes généralistes, sans force ni prise de risque : pour exister, il me semble vital de se positionner sur un créneau différent, d’où notre ligne éditoriale.

Ensuite, c’est ce type de textes que j’aime lire : des romans ou des nouvelles qui peuvent me faire rire, me déranger, me surprendre par leur audace ou leur style en dehors des standards. Céline, Lautréamont ou Pétrus Borel, qui font partie de mes écrivains favoris, ne faisaient pas vraiment dans la demi-mesure. Je trouve que la littérature actuelle manque cruellement de puissance et de bizarrerie, tout est trop lisse, trop « dans les normes », « dans l’air du temps ».

Avec l’Abat-Jour, on essaie (modestement) de faire émerger une littérature des marges, qui bouscule le lecteur. Nous tentons d’être une alternative littéraire crédible pour les amateurs de lecture décalée.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Notre ambition pour 2013 est de nous ouvrir à la publication papier, afin de trouver un nouveau public qui serait intéressé par notre ligne éditoriale mais réfréné par le fait que nous ne publions qu’en numérique jusqu’à présent.

Nous avons commencé en proposant une souscription pour la version papier d’Hirondelle ou martinet ?, un recueil de nouvelles d’humour noir de Serge Cazenave-Sarkis. Si ce projet fonctionne, d’autres titres devraient suivre : peut-être nos premières publications numériques, mais certainement d’autres textes d’auteurs déjà publiés parmi nos nouvelles en accès libre. Former une petite communauté d’auteurs et de lecteurs fidèles sera notre prochain objectif…

Un texte en particulier à nous recommander pour découvrir votre maison d’édition ?

Le dernier en date (j’en remets une couche !), le recueil de nouvelles de Serge Cazenave-Sarkis Hirondelle ou martinet ?, qui contient véritablement l’esprit de tout ce que nous publions depuis trois ans. Et aussi Chbebs ! de Salima Rhamna, un roman sous forme de western urbain argotique, premier polar spagaytti, en lice pour le Prix du roman gay 2013. L’éclectisme, maître-mot de l’Abat-Jour !

Url: http://www.editionsdelabatjour.com
Twitter: http://twitter.com/EdAbatJour
Facebook: http://fr-fr.facebook.com/editions.delabatjour

Merci à Franck Joannic d’avoir répondu à mes questions. Retrouvez tous les livres chroniqués de la maison d’édition avec le tag L’Abat-Jour.

Cette chronique a déjà été lue 11391 fois.

%d blogueurs aiment cette page :