Après quelques mois sans parler d’édition numérique, revoici une présentation d’une maison qui propose, pour l’instant, des classiques. À paraître dans les prochains jours, un premier texte contemporain, avec une volonté ferme de proposer « des textes qui maintiennent éveillé, des textes qui donnent envie de faire une barricade entre le bureau et la machine à café ». Tout un programme à découvrir avec les Éditions de Londres !
Pouvez-vous présenter votre maison d’édition ?
Les Editions de Londres est une maison d’édition numérique fondée fin 2011. Notre intention, c’est de créer quelque chose de différent, à l’opposé de ce qui se fait dans le monde éditorial traditionnel. Nous sommes « libres-penseurs » ; dès le départ, nous avons choisi d’aller à contre-courant des idées reçues. Nous croyons que la littérature suit l’évolution de la société, mais qu’elle a aussi les moyens d’influencer cette évolution. À société en crise, conformiste, divisée en chapelles intellectuelles, on a une littérature du même acabit, avec des livres pour tous les goûts, mais des livres qui s’ignorent, qui ne se parlent pas, tous classés, catégorisés, déjà lus avant d’avoir été ouverts, des livres formatés pour des publics « en quête du même », avec en conséquence un rétrécissement inquiétant du champ intellectuel.
Il faut changer tout ça, privilégier l’autre, l’en-dehors, l’ouverture d’esprit, le voyage, physique et intellectuel, aller à la rencontre de points de vue différents, comprendre qu’il n’est pas forcément « bien » de répéter ce que disent tous les gens « biens ». Et puis, même si ça fait prétentieux, c’est vrai : il faut revenir aux principes fondateurs, à l’esprit des Lumières.
Nous sommes trois à travailler aux Editions de Londres. Nous avons un catalogue de 110 titres. Le catalogue s’agrandit tous les mois. La plupart des titres sont des livres d’auteurs français, mais nous envisageons de publier en anglais bientôt.
Pourquoi avoir choisi de publier uniquement en numérique et qu’est-ce que cela vous apporte ou vous permet d’apporter aux lecteurs ?
Internet révolutionne depuis 15 ans, un par un, tous les secteurs, économiques ou non, de la société. Le livre numérique, c’est la nouvelle étape du développement de l’écrit. De même qu’il semblerait curieux au 15e siècle de lancer un imprimeur-éditeur et d’embaucher une centaine de moines copistes, nous nous cantonnons à l’édition numérique. Oui, nous savons que le marché est encore balbutiant en France, avec moins de 1% des livres achetés qui le sont en numérique, mais cela changera. Aucun doute là-dessus.
En conclusion, l’édition numérique c’est évidemment une nouvelle expérience de lecture, mais c’est surtout une nouvelle dimension dans la diffusion : accès universel, immédiateté, hyperliens entre les livres, une sorte de bibliothèque avec des ponts inattendus entre les auteurs et les titres.
Est-ce que le fait de publier en numérique change quelque chose dans votre façon de choisir les prochains auteurs à publier ?
Bien sûr, le risque (et c’est ce que certains souhaiteraient chez les gros éditeurs traditionnels), c’est que les éditeurs numériques se transforment en « banc d’essai » de l’édition traditionnelle : quand le manuscrit est refusé chez les grands éditeurs, on a toujours le numérique. C’est évidemment ridicule. Il y a un nombre impressionnant de très bons textes qui ne passent pas les comités de lecture ou ne pénètrent pas les petits cercles de copinage. Souvent, c’est parce qu’ils sont trop différents, ou ne correspondent pas à une certaine façon d’écrire « à la mode », ou traitent de sujets pas assez dans le vent. Les sujets dans le vent, nous, ça ne nous intéresse pas. À ceux là nous préférons les textes à la nitroglycérine qui font des trous dans les murs.
Nous ne cherchons pas à multiplier les auteurs, nous cherchons juste des textes intéressants, différents, des textes qui « changent la donne ».
Pour l’instant, vous n’avez publié que des livres « classiques ». Pourquoi ce choix alors qu’ils existent déjà la plupart du temps en version gratuite ? Qu’apportez-vous de neuf ? De plus ?
Cela fait seulement huit mois que nous existons, et deux mois que nos livres numériques sont distribués et vendus. Donc, ce que vous voyez, ce n’est qu’à peine le début. Nous avons publié des classiques parce qu’ils nous plaisent. Parce qu’il fallait une base pour reconstruire une bibliothèque de titres que notre monde intellectuel a gentiment classé parmi les livres scolaires ou pour étudiants. Les classiques, c’est comme la musique classique, non ? Et bien non. Notre choix de classiques définit nos convictions littéraires. Comme nous le disons souvent, un peu en guise de boutade : nous voulons ramener la littérature à la vie, réinsuffler de la vie dans la littérature.
Quant au point sur le gratuit, c’est un faux débat. Nos livres numériques sont très bon marché. Par rapport à du gratuit, nous vous offrons couverture, préface, biographie, texte sans fautes… pour un euro de plus. Entre un classique papier à huit euros et un autre à cinq euros, il y a trois euros et c’est tout. Entre un gratuit et un classique à nous, il y a un euro, un gros différentiel de qualité, et surtout un point de vue sur l’oeuvre.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Ils sont nombreux. Mais avant tout, le lancement de livres numériques originaux. Nous n’avons pas vocation à être un éditeur de classiques, mais c’était la première pierre que nous voulions poser, et nous sommes heureux de l’avoir fait.
Donc, livres nouveaux, publications en anglais, publications de livres introuvables en numérique, plus beaucoup d’autres projets dont je vous parlerai bientôt.
Vous prévoyez la publication d’un premier titre « contemporain » pour le mois de juillet. Pourquoi ce choix aujourd’hui ? Quelle sera la ligne éditoriale pour ces nouveaux romans ?
Oui, le premier livre « contemporain » sort en juillet. Pour le décrire, j’hésite entre bombe à paronomases, et « Pulp Fiction » de la littérature numérique. Ce sera une sorte de chaos organisé.
Notre ligne éditoriale, c’est l’esprit libre-penseur, le refus maladif du conformisme ambiant et de la morale asphyxiante. Nous aurons des textes drôles, satiriques, des textes politiques, des sujets sociaux… Nous publierons des textes qui maintiennent éveillé, des textes qui donnent envie de faire une barricade entre le bureau et la machine à café. Enfin du moins, c’est l’effet subversif espéré. Le sujet, et le ton, c’est important.
Un texte en particulier à nous recommander pour découvrir votre maison d’édition ?
Nous vous recommandons notre premier livre « contemporain », c’est toujours le dernier le plus beau… L’auteur est un marin au long cours, noblesse bretonne, et il ne vote plus depuis 1894, année où la Troisième République impose les lois scélérates, lesquelles sont d’ailleurs responsables du percement du tunnel sous la Manche. Ce livre, lancé en juillet, c’est son premier. Et il est déjà interdit dans son village natal du Finistère. Il compte donc sur son public numérique. Il compte sur vous.
Sinon, je vous en donne trois pour commencer dés maintenant : Le neveu de Rameau de Diderot, sans lequel il n’y aurait pas de littérature française, Le voleur de Georges Darien, que les éditeurs traditionnels (sauf un) cherchent à enterrer depuis 100 ans, et enfin Au bagne d’Albert Londres, pour comprendre ce que c’est qu’un journaliste.
Url: www.editionsdelondres.com
Twitter: @editionslondres
Facebook: www.facebook.com/leseditionsdelondres
Merci à Vincent d’avoir répondu à mes questions.
Cette chronique a déjà été lue 7426 fois.
Commentaires récents