Une histoire qui commence comme un roman à l’eau de rose : ils étaient beaux, se marièrent… mais la ressemblance s’arrête là. Ensuite viennent les problèmes écologiques, la critique sous-jacente des États-Unis et une histoire qui dérape.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Encore un prêt. On va donc mixer pendant quelques jours les livres numériques et les livres qu’on m’a prêtés, afin de pouvoir les rendre au plus vite. Merci en tout cas pour les prêts !

La quatrième de couv :

Jiselle, trentenaire et toujours célibataire, croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement idyllique qu’elle accepte aussitôt, quittant les tracasseries de sa vie d’hôtesse de l’air pour celle, a priori plus apaisante, de femme au foyer. C’est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les États-Unis, lui donnant des allures de pays en état de guerre. Tandis que les événements s’accélèrent autour d’elle, l’existence de Jiselle prend un tour dramatique, l’obligeant à puiser dans ses ressources pour affronter cette situation inédite…

Mon avis :

Jiselle a été demoiselle d’honneur un nombre incalculable de fois. A plus de trente ans, sa mère, ses amies, ses collègues, tous lui mettent la pression pour qu’enfin elle se marie à son tour. Et pourtant, ce n’est pas forcement facile de trouver quelqu’un quand on est toujours dans un avion, à supporter les passagers insatisfaits. Alors quand Mark Dorn, le plus beau pilote de la compagnie, lui propose le mariage, elle ne réfléchit pas très longtemps. Pourtant, ça ne fait que deux mois qu’ils sont ensemble. Sa mère tente bien de lui faire doucement comprendre qu’il ne cherche peut-être qu’une mère pour ses enfants, lui qui enchaîne les aventures et a déjà usé un nombre impressionnant de gouvernantes. Mais, bien sûr, elle ne veut rien entendre et épouse son prince charmant.

Mais bien vite, ces problèmes deviennent secondaires. La grippe de Phoenix se répand et commence à faire des victimes. Partout, sur le sol des États-Unis, elle tue, sans discernement, les riches, les pauvres, les malades et les biens-portants. Elle tue même les célébrités, avec Britney Spears en tête ! Alors très vite, Mark se retrouve à l’autre bout du monde, en Allemagne, coincé en quarantaine. Mais une quarantaine qui va se transformer en mois. Pendant ce temps-là, Jiselle doit cohabiter avec ses beaux-enfants, pas franchement emballés, mais gérer aussi les coupures d’électricités, de plus en plus longues, les pénuries, les phénomènes naturels qui reprennent le dessus sur la vie civilisée…

Au fur et à mesure de l’histoire, on glisse tout doucement vers un monde un peu étrange. On ne peut pas parler ici de monde fantastique, car tout ce qui arrive reste très réel. Mais on fait un pas de côté, dans un monde où la nature a repris ses droits petit à petit, où, pour survivre, il faut réapprendre les gestes essentiels. Laura Kasischke oscille entre problèmes écologiques, critique sous-jacente des États-Unis et l’histoire de Jiselle. Cette dernière, un peu énervante au début, par sa candeur et son innocence, va se révéler forte et pleine de bon sens. En tout cas, loin de ce qu’on attendait de ce personnage en début de roman ! L’histoire se construit tout doucement, presque naturellement, comme si tout cela était inéluctable. Un peu comme si ce n’était qu’une histoire pour nous préparer à ce qui nous attend…

Comme je l’avais exprimé chez Marianne, j’ai trouvé la critique parfois un peu simpliste. Simpliste non pas parce que l’auteur donne une représentation erronée de la situation aux États-Unis, mais parce que certaines phrases et idées auraient mérité d’être plus développées. Les problèmes écologiques sont ainsi le fait des « grosses voitures et [des] interventions armées » des États-Unis et « c’est forcément l’environnement qui [les] punit en raison de [leurs] voitures trop gourmandes en carburant ». Oui, c’est vrai, je simplifie encore plus le propos de Laura Kasischke en reprenant ces citations tel quel, mais c’est ainsi que j’ai ressenti certaines de ces critiques lors de ma lecture.

Un livre à recommander tout de même ? Oui, malgré cela. Ne serait-ce que parce qu’elle arrive à commencer sur ce qui ressemble à un roman à l’eau de rose pour nous entraîner vers quelque chose de beaucoup plus sérieux. Ou aussi parce que ce rythme lent nous entraîne quand même vers la fin, sans finalement pouvoir lâcher le livre. Ou encore parce que les États-Unis ne seront pas ceux qui sauveront le monde pour une fois. Ou même… Non, je vous laisse découvrir de vous-même les autres points positifs de ce roman !

Détails :

Auteur : Laura Kasischke
Traducteur : Eric Chedaille
Editeur : Christian Bourgeois
Date de parution : 14/10/2010
323 pages

http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/12/en-un-monde-parfait-de-laura-kasischke.html

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