«C’est l’histoire d’une usine qui ferme, d’un mal qui grandit». C’est un peu David contre Goliath, la lutte de « petits » ouvriers qui se battent contre le numéro un de l’acier, ArcelorMittal, pour sauver leur usine.
La quatrième de couv :
Une BD reportage poignante réalisée sur le conflit de Florange et la mort de la sidérurgie lorraine.
Lorraine, 2012. Dans ces vallées industrielles qu’on appelait « le Texas français » pendant les Trente Glorieuses, claque l’annonce de la fermeture des deux derniers hauts-fourneaux du site ArcelorMittal de Florange. Dans une région qui en a compté plus d’une centaine, ils représentent les derniers remparts avant la mort de la sidérurgie lorraine. Au-delà des conséquences économiques, ce déclin industriel engendre une tragédie humaine racontée par Tristan Thil et dessinée par Zoé Thouron.
Le dessin de presse énergique de Zoé Thouron au service d’un témoignage poignant sur le conflit de Florange. Une BD reportage parfaitement documentée, bouleversante et engagée.
Mon avis :
Ça commence en 2008, lorsque Tristan Thil, documentariste mosellan, apprend par la radio l’annonce de fermeture l’année d’après de Gandrange, où se trouve une aciérie électrique et un train à billettes (TAB). Lui qui a grandit dans la vallée de la Fensch et a toujours connu un paysage fait de hauts-fourneaux se lance dans une course contre la montre «dans une région où les usines et les hommes meurent un peu plus vite qu’ailleurs». Sur place, il filmera les visages de ces ouvriers, il enregistrera leur voix, il veut garder une trace, en espérant que… Mais il ne pourra que constater l’échec de la lutte, de la négociation avec le gouvernement et l’usine fermera ses portes, avec la stèle des promesses non tenues de Sarkozy pour trace de l’échec.
En 2012, c’est l’annonce de la fermeture définitive des deux derniers hauts-fourneaux lorrains, à Florange, qui l’amène à nouveau sur le terrain. Il va suivre la lutte acharnée d’Edouard Martin et des ouvriers pour sauver leur outil de travail. Plongé au coeur même de la lutte, l’auteur nous en montre le visage humain: des ouvriers unis comme une famille, des personnes qui se sentent amputées d’un bout d’elle-même lorsqu’on ferme leur usine, des hommes et des femmes qui ne comprennent pas comment on peut fermer une usine qui reste rentable… Des hommes et des femmes tellement perdus qu’ils en viennent à envisager le vote FN, dans une région marquée par l’immigration, car «tous les autres y nous baladent et se moquent de nous», et «on en a marre, c’est tout». La fin, tout le monde la connaît… L’usine a fermé.
Le dessin porte le récit, sans trop en ajouter. Dans ce récit-reportage, qui mêle l’histoire de cette lutte et celle de Tristan Thil lui-même, c’est avant tout de l’empathie qu’on ressent. Envers ces hommes et ces femmes qui tentent de sauver ce en quoi ils croient, leur outil de travail, bien sûr, mais aussi les valeurs qu’ils partagent tous les jours.
De ces reportages sur le terrain, Tristant Thil a aussi réalisé des reportages, dont Florange, l’acier trompé, ci-dessous.
Florange, l’acier trompé – Tristan Thil
Extrait :
Lire les premières planches sur le site de Dargaud.
Détails :
Auteurs : Tristan Thil (texte) – Zoé Thouron (dessin)
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 10/10/2014
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Je vais aller voir les premières pages sur le lien du site. Merci.
De rien !