Fuir est le prolongement de Faire l’amour, découvert grâce au Prix littéraire des blogueurs. On y découvre un autre pan de l’histoire de nos deux héros !
La quatrième de couv :
Pourquoi m’a-t-on offert un téléphone portable le jour même de mon arrivée en Chine ? Pour me localiser en permanence, surveiller mes déplacements et me garder à l’oeil ? J’avais toujours su inconsciemment que ma peur du téléphone était liée à la mort – peut-être au sexe et à la mort – mais, jamais avant cette nuit de train entre Shanghai et Pékin, je n’allais en avoir l’aussi implacable confirmation.
Mon avis :
Fuir commence dès la première phrase par Marie, (« Serait-ce jamais fini avec Marie ?« ). Bien que le début du livre s’ouvre après leur rupture, il va raconter ce déplacement semi-professionnel, semi-personnel qui a eu lieu alors que le narrateur était encore en couple avec elle. Il se retrouve donc en Chine où il doit, entre autre, accomplir une petite mission pour Marie. Il sera accompagné pendant tout son voyage par Zhang Xiangzhi, une relation d’affaire de Marie, et Li Qi qu’il rencontre sur place et avec qui va s’esquisser un début de romance. Puis ce téléphone, qui lui fait tellement horreur, va sonner et changer le cours des évènements.
Pendant toute la première et seconde partie de ce livre, on se sent enfermé avec le narrateur dans une sorte de bulle. Tout ce qui se passe autour de lui semble échapper à sa et notre compréhension :
- on ne sait pas vraiment pourquoi il se retrouve dans ce pays et lui-même ne semble pas plus le savoir ;
- les codes culturels semblent lui échapper, vu que son guide ne se donne pas beaucoup de peine pour lui faire partager ce qu’il voit ou entend ;
- il se retrouve au milieu d’une course poursuite dont il ne connait pas vraiment la cause ;
- …
Par contre, il semble bien plus proche de comprendre ce qui se passe à Paris, à des milliers de kilomètres de l’endroit où il se trouve. Il nous décrit dans certains passages des faits que Marie vit sur place, comme ce moment où elle l’appelle et qu’elle commence à s’enfouir du Louvre. Le récit commence comme un rapport des faits qu’il entend au téléphone, mais se change très vite en une narration à la première personne, comme si au milieu du récit, Marie avait pris la relève pour raconter ce qui se passe.
Encore une fois, la magie du style et du rythme si particulier de Jean-Philippe Toussaint nous emporte jusqu’au bout de l’histoire de ces deux protagonistes qui semblent constamment attirés et repoussés l’un par l’autre.
Extraits
« Et il m’apparut alors en les regardant manger en face de moi que, chaque fois que l’un ou l’autre déplaçait le plateau pour rapprocher un plat de ses baguettes, il composait en fait une nouvelle figure dans l’espace, qui n’était en vérité porteuse d’aucun changement réel, mais n’était qu’une facette différente de la même et unique réalité. » p. 70
« J’étais, et je restai longtemps, dans cet état de suspension qu’on éprouve pendant la durée d’un voyage, dans cet état intermédiaire où le corps en mouvement semble progresser régulièrement d’un point géographique vers un autre – comme cette flèche que j’avais observée sur l’écran du moniteur vidéo de l’avion qui me ramenait de Pékin qui indiquait au fur et à mesure la progression de l’appareil sur une carte du monde verte et bleue montagneuse et stylisée -, mais où l’esprit, incapable de s’aligner sur ce modèle de transition lente et régulière, est, lui, tout à la fois, encore en pensées dans le lieu qu’il vient de quitter et déjà en pensées dans le lieu vers lequel il se dirige. » p. 123
Détails :
Auteur : Jean-Philippe Toussaint
Editeur : Minuit
Date de parution : 14/09/2009
171 pages
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Ce bouquin m’a profondément ennuyé, apparemment ce monsieur aussi est au courant qu’il a du style et du rythme.
Qu’est-ce qui t’a ennuyé dans ce livre ? Le style et le rythme justement ou l’histoire en elle-même ?
En tout cas, je te déconseille dans ce cas La salle de bain du même auteur qui a, là aussi, un style très à part !