Une pentalogie à découvrir. Une histoire sur les secrets de famille, servie par une écriture lumineuse.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

J’ai choisi le premier, au hasard, sur les tables de ma librairie. Puis je suis retournée quelques temps après prendre les tomes 2 et 3. Puis, encore une fois, j’y suis retournée pour les deux derniers.

La quatrième de couv :

Tsubaki
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d’abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d’une vie familiale marquée par les mensonges d’un père qui l’ont poussée à commettre un meurtre. Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n’échappe à son destin.

Hamaguri
Deux petits enfants de Tokyo, Yukio et Yukiko, scellent un pacte de fidélité en inscrivant leurs noms à l’intérieur d’une palourde, comme un serment d’amour éternel. Devenus adolescents, ils se retrouvent à Nagasaki sans se reconnaître ; les sentiments qui les habitent désormais, qui les troublent profondément, leur seraient-ils interdits ? Aux dernières heures de sa vie, la mère de Yukio cherchera à ouvrir les yeux de son fils en lui remettant ce coquillage sorti du tiroir de l’oubli.

Tsubame
Lors du tremblement de terre de 1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu’elle est veuve, mère d’un chimiste et grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé : le prêtre catholique qui l’avait recueillie dans son église lors du tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l’instrument du destin qui a permis à cette hirondelle de s’élancer hors du nid ?

Wasurenagusa
Quelques années après son mariage, Kenji Takahashi apprend qu’il est stérile. Accablé et dépressif, il divorce et quitte la maison familiale. Seule compte encore pour lui sa nurse, Sono, exilée en Mandchourie. Lorsqu’il fait la connaissance de Mariko, qui vit seule avec son fils Yukio, il en tombe amoureux et l’épouse contre l’avis de ses parents, qui le déshéritent. Quarante-six ans plus tard, retraité et affaibli, il recherche les traces de Sono. Au moment où il retrouve sa tombe, sur laquelle est inscrit le nom de la fleur de myosotis (wasurenagusa), il découvre le secret de ses origines et le terrible malheur qui a frappé ses parents.

Hotaru
A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu’elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu’elle fut de le révéler à son mari.Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l’innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d’expérience, et leur destinée s’en trouve à jamais bouleversée.

Mon avis :

Bien sûr, il est question des bombes atomiques qui ont ravagé le Japon. Il y a aussi le tremblement de terre de la région du Kanto. Et la guerre, évidemment. Mais on ne peut pas résumer cette pentalogie à ces événements qui ne sont que la toile de fond de l’histoire. Car il y a aussi des serments d’amour éternel d’enfants, de l’amitié, de l’entraide, de la compréhension mutuelle ou même de l’amour plus fort que les conventions sociales.

Autour de ce qui semble être tout d’abord cinq histoires distinctes, l’auteur tisse la saga d’une famille sur plusieurs générations. Elle nous dévoile comment les secrets de famille peuvent influer non seulement la vie de celui qui tait, mais aussi ses enfants et jusqu’à ses petits-enfants. Sans jugement sur les aventures de ses personnages, elle lève peu à peu le voile sur ce qui pousse parfois à cacher ou à transformer quelque peu la vérité. Et, au fur et à mesure des tomes, les recoupements se font, discrets d’abord, puis de plus en plus évidents, jusqu’à nous révéler le tableau final, splendide.

En à peine plus de 100 pages pour chaque tome, Aki Shimazaki arrive à dresser un très beau tableau de ces liens familiaux. Plein de sensibilité et de pudeur, le texte reste, malgré le sujet, lumineux et plein de petits bonheurs. A découvrir, mais attention, ne faites pas la même erreur que moi ou Véronique. Si vous souhaitez découvrir cette pentalogie, prenez les cinq tomes d’un coup. Sinon, vous pourriez vite avoir à courir dans votre librairie préférée pour vous procurer les suivants !

Détails :

Auteur : Aki Shimazaki
Editeur : Actes Sud / Babel
Date de parution : 2005-2009
607 pages

Cette chronique a déjà été lue 12558 fois.

%d blogueurs aiment cette page :