Elle est sûre d’une chose, plus jamais elle ne pourra faire l’amour avec un homme pour lequel elle aurait des sentiments, elle ne supporterait plus cette manière d’affoler l’affection, ce risque fou auquel ça expose d’aimer.

Elle craindrait même de se rapprocher d’un homme qu’elle n’aimerait pas, mais qui serait là, ce serait terrible de s’habituer à sa présence, le manque que ça ferait naître si là encore, pour une raison ou pour une autre, il devait disparaître ou s’éloigner. Aimer, ce serait de nouveau s’exposer à la peur, la peur d’être dépossédée une seconde fois. Cet homme qu’elle aimait avant, il lui servait de repère et de raison d’être. Dans l’amour il y a bien plus que la personne qu’on aime, il y a cette part de soi-même qu’elle nous renvoie, cette haute idée que l’autre se fait de nous et qui nous porte. D’autant que cet homme-là, il l’avait accueillie dans son univers, il lui apportait tout, une vie, un décor, une famille, un équilibre, cet homme-là c’était tout un monde. Sans qu’elle s’en rende compte il dessinait les contours de son existence. C’est toujours dangereux de miser son destin sur un homme. C’est si fragile, un homme.

L’Amour sans le faire – Serge Joncour

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