Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes – Portraits au travail (1).

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

J’ai vu cette couverture dans ma librairie préférée et je n’ai pas pu résister. J’ai quand même hésité avec Marketing, disent-ils – Dix-huit analyses navrées de la publicité contemporaine. Et je sens que ça sera le prochain !

La quatrième de couv :

Didier, bûcheron, Bouba, chauffeur dans une société d’ordures ménagères, Bernard, écrivain public, Natacha, agent SNCF aux objets trouvés, Nicolas, guide touristique, Hervé, prêtre, Roger, militant communiste, Sylvia, couturière-modéliste, Christian, bijoutier, François, interprète français-chinois, Thomas, caissier au Louvre… Hélène Briscoe pourrait écrire des reportages classiques, façon l’éternel portrait-bien-senti des dernières pages de quotidiens. Elle préfère s’effacer, poser son micro, et laisser la parole se déployer. Brute. Sans commentaire ni voix off. Une voix apparaît, un portrait se tisse, plus complexe, plus riche que tous ceux qu’on pourrait tenter de brosser. Très vite ce n’est plus seulement le métier, bac+12 ou job alimentaire, qui intéresse : à la curiosité documentaire s’ajoute la rencontre d’un homme, d’une femme qui le temps de quelques pages se dévoile, glisse insensiblement du récit de son métier à celui de sa vie.

Mon avis :

Ce n’est pas le genre de livre que l’on prend pour le style. On est dans du direct, du brut. On est dans l’hésitation, dans la gêne, dans l’intime. On est dans la vrai vie, celle des gens comme vous et moi. Avec pour certains un peu plus de bagages et de chances et pour d’autres les difficultés à boucler les fins de mois. Avec des métiers qui effacent la personne pour ne plus montrer qu’une fonction ou un organisme. Avec des métiers comme un sacerdoce et d’autres seulement alimentaire.

Un livre intéressant pour découvrir ce que cachent certains métiers. Un livre pour essayer de se mettre à la place de ceux qui travaillent, parfois dans l’ombre, pour que tout continue à tourner autour de nous.

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Moi personnellement c’est un enrichissement personnel parce qu’on n’imagine pas tout ce qui peut y avoir dans Paris comme misère, comme richesse aussi. Quand vous êtes dans une pièce où il y a des lits à étages et que vous êtes assis sur le lit du bas en train d’écrire sur vos genoux, ouais, vous êtes pas très très à l’aise. Y a l’ambiance, y a l’odeur… Et curieusement des fois dans des endroits infâmes vous êtes choyés. Des gens très miséreux qui vont vous offrir un café […[. Et l’inverse aussi des appartements de cent cinquante mètres carrés, avec de la dorure partout où les gens vous font revenir quatre cinq fois, qui vous laissent en plan dans l’entrée et puis vous écrivez sur vos genoux, ça aussi ça existe.
Pierre, 64 ans, retraité et agent recenseur
p. 23

D’autres portraits disponibles sur le site Le Tigre.

Détails :

Auteur : Hélène Briscoe
Editeur : Le Tigre
Date de parution : 06/04/2010
62 pages

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