Première découverte de Russell Banks. Belle, la découverte !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Encore une fois, chez La Plume Dilettante. Et je remercie Anouchka de me l’avoir envoyé !

La quatrième de couv :

“Mon existence est devenue intéressante, disons, l’été de mes quatorze ans. J’étais à fond dans la fumette et comme j’avais pas d’argent pour m’acheter de l’herbe je me suis mis à fouiner tout le temps dans la maison pour dénicher des trucs à vendre – mais il n’y avait pas grand-chose.”
C’est alors que Bone, avec sa crête, son nez percé et le tatouage fondateur de son identité – des os en croix – prend la route, et que le roman se déploie au fil de ses aventures et de ses rencontres avec tout ce que l’Amérique puis la Jamaïque comptent de marginaux, d’aventuriers et de sages.
Un percutant roman de formation, proche du road movie, et devenu le texte emblématique d’une certaine jeunesse américaine de la fin du XXe siècle.

Mon avis :

C’est un peu l’histoire d’une descente aux enfers lente mais implacable : après avoir fait un premier pas vers la délinquance avec un menu larcin, Chappie va être lâchement mis de côté par sa famille. La drogue à 14 ans, les vols, les squattes, rien ne lui sera épargné, lui qui est à peine entré dans l’adolescence.

Au fur et à mesure de ses mésaventures, il va apprendre à reconnaitre le Bien du Mal. Il va faire confiance à des gens qui ne sont pas dans les normes. Il va refuser la fatalité en se battant pour sauver d’autres personnes. Et il va devenir Bone. Pour « devenir un mendiant tout neuf« . Pour s’opposer à l’identité que lui ont donné ses parents et s’en créer une nouvelle, vierge de tout ce que charriait son ancienne vie.

Armé de cette nouvelle identité, il trace sa route au grès de ses rencontres, de ses envies, des refus de sa mère pour se rendre à l’évidence. Il cherche. Mais sans savoir forcément quoi : un père, une famille, un toit, de l’amour ? Et on s’attache à ce petit bonhomme qui tente, tant bien que mal, de faire ce qu’il peut avec le peu qu’on lui a donné.

Un beau roman comme une longue plainte qui est tue avec des personnages forts et une description de la pauvreté d’une certaine Amérique qui semble terriblement réelle.

Extraits

Pour la première fois je comprenais comment ces gars furieux d’avoir perdu leur boulot ou ces pères divorcés qui n’avaient plus le droit de voir leurs gosses pouvaient entrer dans un bureau de poste ou dans un Pizza Hut bourrée de monde, sortir leur pétoire et se mettre à tirer en se foutant pas mal de qui se faisait allumer. Je ne voulais évidemment pas faire ce genre de truc, mais j’avais le sentiment qu’à la moindre chose qui irait de travers dans l’heure ou les deux heures qui suivraient, je deviendrais incapable de me maîtriser. Voilà où j’en étais arrivé à cause de mon beau-père, du naufrage de notre maison et de notre famille, à cause du fait que personne n’avait apparemment rien à cirer de la mort de ce brave vieux Willie et que personne, pas même moi, ne semblait comprendre que ce que je faisais, c’était d’essayer de revenir à la maison.p.227

Détails :

Auteur : Russell Banks
Editeur : Babel
Date de parution : 06/1996
438 pages

Cette chronique a déjà été lue 2514 fois.

%d blogueurs aiment cette page :