Un mystère pose le postulat de base de cette année qui verra Victoire passer d’une vie confortable à la déchéance. Un récit concis, rythmé, tout en phrases courtes… et en énigmes. Un très beau texte !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Après avoir découvert Je m’en vais, j’ai finalement trouvé le titre qui m’avais été vivement conseillé par @kentescu.

La quatrième de couv :

Une jeune femme, prénommée Victoire découvre un matin son ami Félix mort près d’elle dans son lit. Elle ne se souvient pas de ce qui est arrivé, mais elle file, dans le Sud-Ouest, en emportant ses économies. Sa fugue va durer un an, d’où le titre. Au début, tout va bien. Elle loue une villa au Pays basque, se trouve un amant. Mais l’amant lui vole ses sous et Victoire va parcourir une à une les étapes de la dégringolade sociale : après la villa, les chambres d’hôtel, de plus en plus miteuses, puis la belle étoile ; le vélo, puis l’autostop et, quand elle est devenue trop sale, trop dépenaillée pour le stop, la marche au hasard, l’association avec d’autres clochards, le chapardage, la promiscuité, la perte progressive de soi et du monde. L’histoire d’une errance en forme de descente, une aventure picaresque que l’auteur achève en la ramenant à son point de départ.

Un an, dans sa simplicité linéaire, immédiate, met en valeur la poétique d’Echenoz. Celle-ci repose sur le combat perpétuel que se livrent une réalité mystérieuse et dont le sens fuit sans cesse – le monde, les objets, les personnes, les formes, les sons, les paroles, l’espace, le temps – et les mots pour la dire le plus exactement possible.

Mon avis :

« Victoire, s’éveillant un matin de février sans rien se rappeler de la soirée puis découvrant Félix mort près d’elle dans leur lit, fit sa valise avant de passer à la banque et de prendre un taxi vers la gare Montparnasse. » Voilà comment Jean Echenoz plante son décors en tout juste une phrase. A partir de cette fuite mystérieuse, car jamais Victoire n’aura l’idée de téléphoner aux pompiers ou policiers pour savoir ce qui s’est passé, elle va partir cap vers le Sud, choisissant ces points de chute par hasard, sur des sonorités agréables, sur des coups du hasard. En location dans une maison d’abord, elle va très vite se retrouver dans des hôtels moyens, car elle se fait voler presque toutes ses économies. D’hôtels moyens, elle passera ensuite au vélo, sillonnant la campagne de village en village afin de ne pas se faire repérer. « Arriva le jour où, voyant s’amenuiser dangereusement ses ressources, Victoire dut envisager de bientôt mettre un terme à ses déplacements de village en village à travers la forêt. Elle allait se voir contrainte de s’approcher des villes, plus vastes et peuplées, où se retrouvent les personnes sans domicile fixe qui peuvent y parvenir à survivre moins difficilement. » Dormir à la belle étoile, trouver des compagnons de route, chercher à manger vont devenir ses occupations principales.

Mais il y a Louis-Phillipe. Louis-Philippe, c’est l’ami de l’époque où elle habitait Paris et qu’elle était encore en couple avec Félix. Mystérieusement, il la retrouvera quel que soit l’endroit où elle se trouve en France. Alors qu’elle-même ne sait pas toujours où elle va dormir le soir même, Louis-Philippe sera là, à l’attendre au détour d’une route, dans une auberge, toujours là pour la conseiller. Jusqu’au jour où il lui annoncera qu’elle peut s’en risque rentrer chez elle. Comment Louis-Philippe parvient toujours à la retrouver ? Pourquoi est-il là pour la protéger, la guider ? Cela fait aussi parti du mystère…

En 111 pages, Jean Echenoz va nous raconter de manière concise et rythmée une année entière de la vie de Victoire. En phrases courtes, mais souvent très imagées, il emmènera Victoire à la découverte d’elle-même, quand il n’y a plus rien d’autres que la survie qui compte, ce qu’on va manger le soir même, ou comment trouver un endroit pour prendre sa prochaine douche. Victoire arrivera, bien sûr, à donner la petite impulsion finale pour « remonter » la pente. Mais l’énigme initiale ne sera pas résolue pour autant, Echenoz nous ajoutant même un élément mystérieux sur les dernières lignes.

Extraits :

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Lire les premières pages sur le site de l’éditeur.

Détails :

Auteur : Jean Echenoz
Editeur : Les Editions de Minuit
Date de parution : 1997
112 pages

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