Il y a un mot qui me vient à l’esprit quand je pense à ce livre : truculent. Voici certains synonymes de ce mot : amusant, cocasse, comique, curieux, déconcertant, drôle, étonnant, étrange, excentrique, fantasque, haut en couleur, original, particulier, pittoresque, singulier, spécial. Tom Robbins, c’est tout ça à la fois !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

J’avais déjà beaucoup aimé Même les cow-girls ont du vague à l’âme. Alors quand Blog-O-Book a proposé celui-ci en partenariat, je n’ai pas hésité longtemps !
Vous pourrez retrouver les avis des autres membres sur le site de BoB !

La quatrième de couv :

Fausse gitane mais vraie voyante, la belle Amanda et son mari John Paul Ziller, artiste et magicien inséparable de son babouin, ouvrent un zoo et un stand de hot dogs au bord de l’autoroute. Là, ils rétablissent le cirque de puces comme art populaire et le culte de la fécondité comme religion ultime.Quand débarque leur ami Plucky Purcell, ancien joueur de football et dealer à ses heures, les ennuis commencent. Ayant par accident infiltré une armée secrète du Vatican, Plucky s’est retrouvé à Rome où il a découvert le corps momifié du Christ oublié dans une catacombe. Après l’avoir dérobé et ramené aux États-Unis, il vient le cacher dans leur zoo et remet l’avenir de la civilisation occidentale entre leurs mains. Mais le FBI et la CIA veillent.

Une bien étrange attraction est un livre foisonnant qui repousse les frontières de l’imagination et nous entraîne au cœur des sixties. Ce roman fantasque,mi-divertissement apocalyptique mi-suspense métaphysique, répond avec génie aux questions fondamentales de notre époque.

Mon avis :

Comment arriver à faire cohabiter dans un même livre une fausse gitane, mais vrai voyante, un magicien ex-star de la chanson, un ancien joueur de foot devenu un peu dealer, une mouche tsé-tsé morte depuis longtemps, mais qui continue à déplacer les foules, un cirque de puces, Mon Cul le babouin au gros derrière tout rose, un stand de hot dogs tenu par des végétariens et le corps du Christ ? Vous voilà un peu sceptique sur ce livre et la santé mentale de son auteur ? Allons, vous n’avez encore rien lu !

Oubliez vos habitudes de lecture linéaire. Ici, on part dans un joyeux bordel organisé ! Les points de vues alternent continuellement, sans jamais nous perdre en cours de route : de l’histoire d’Amanda à celle, par lettres, de Plucky Purcell ; de John Paul Ziller, très peu bavard, à Marx Marvelous, directeur de ce zoo bien particulier ; de la discussion entre Tarzan à Jésus, qui atteint les sommets de l’extravagance ; chacun y va de son grain de sel. Même le narrateur qui tient à s’excuser : « Pas plus qu’un plombier amateur ne peut nier l’eau qui monte sur le sol de la salle de bain je ne peux nier le rythme chaotique de ce manuscrit, ses contradictions, sa confusion, ses digressions, ses (oh là là) ses mille et un changement de style. »

Mais l’auteur sait y faire et, au milieu de toutes ses digressions, arrive à nous glisser des perles de métaphores, (« Ses noms communs étaient comme des boulets de canon, quant à ses verbes, eh bien il aurait fallu deux hommes et un garçon pour en porter un seul. »), des piques satiriques sur les institutions et la religion, des réflexions intéressantes sur le monde qui nous entoure.

C’est amusant, cocasse, comique, curieux, déconcertant, drôle, étonnant, étrange, excentrique, fantasque, haut en couleur, original, particulier, pittoresque, singulier, spécial : on passe forcément par tous ces adjectifs au fur et à mesure de la lecture de cet OVNI, tant il est en décalage. Un dernier mot pour le décrire ? Extraordinaire, excellent, épatant, remarquable, formidable… Je pense que vous avez compris l’idée !

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Maintenant, supposons que le cafard, le seigneur de la planète, attrape la blennorragie. Est-ce qu’il y survivrait ? Est-ce que la blennorragie échouerait avec cet insecte là où elle a réussi avec l’homme ? Qui triompherait de qui ? Ou est-ce que ça serait simplement le cas de l’objet que rien ne peut déplacer rencontrant la force à laquelle rien ne peut résister ? Ils pourraient s’affronter et se neutraliser éternellement, chacun étant incapable de faire plier l’autre et ce, à tout jamais. Des années après que l’homme se sera lui-même exterminé, transformant la Terre verte en une boule de cendres pour un quelconque malentendu politico-économique puéril, commencera alors le vrai combat. La blennorragie et le cafard aux prises pour la domination de l’univers. Le voilà, votre Armageddon.

– Vous avez risqué votre vie, mais quoi d’autres avez-vous jamais risqué ? Avez-vous jamais risqué la désapprobation ? Avez-vous jamais risqué la sécurité économique ? Avez-vous jamais risqué une conviction ? Je ne vois rien de particulièrement courageux dans le fait de risquer sa vie. Si vous la perdez, bon, vous rejoignez votre paradis de héros et c’est le pays de cocagne jusqu’à la fin des temps ? C’est ça ? Vous avez votre récompense et vous ne subissez aucune conséquence. C’est pas ça, le courage. Le vrai courage, c’est risquer une chose avec laquelle il faut continuer à vivre, le vrai courage, c’est risquer quelque chose qui pourrait vous obliger à revoir vos idées, à supporter le changement et à élargir votre conscience. Le vrai courage, c’est risquer ses lieux communs.

En savoir plus :

A lire sur le site de Gallmeister :

Détails :

Auteur : Tom Robbins
Editeur : Gallmeister
Traducteur : François Happe
Date de parution : 26/08/2010
392 pages

Cette chronique a déjà été lue 9288 fois.

%d blogueurs aiment cette page :