Loin du flegme légendaire des britanniques, voilà un roman à prendre au sixième degré (au moins !).

La quatrième de couv :

Souvent, Carol se promène nue dans l’appartement et se donne du plaisir, celui-là même que son mari est incapable de lui offrir. Mais voila qu’un jour un sexe masculin apparaît dans son anatomie. Est-elle encore une femme, va-t-elle devenir un homme ? Une chose est sûre, elle en a assez et elle entend le prouver à son mari.

Bull, lui est un grand rouquin sensible, passionné de rugby et de virées entre garçons. Quand un sexe féminin surgit au creux de son genou, il s’affole.

Choquant, scabreux, dérangeant, doué d’une force comique dévastatrice, Vice-versa fut, en 1992, l’une des premières bombes lancée par le New Wave de l’ère post-thatchérienne.

Mon avis :

Dans la première partie de ce livre, on aborde donc l’histoire de Carol. Elle vit une vie bien rangée de petite bourgeoise avec un tiers de licence en poche, s’occupe vaguement pendant que son mari est au travail et à une propension à suivre « la ligne de moindre résistance« . Si elle s’est mariée avec Dan, c’est uniquement parce que, sur un malentendu, un soir de beuverie, il est arrivé à lui donner « une brève vague de plaisir« . Mais cela aura été la seule et unique fois de leur mariage.

Dan s’enfonce de plus en plus dans l’alcool, est absent quasi chaque jour de son travail et fini par rejoindre les A.A. pour se sortir de là. Mais il tombe sur des personnes qui veulent profiter de sa naïveté et de sa position de faiblesse.

Carol pendant ce temps découvre les plaisirs solitaires. Et un début de pénis qui va changer sa vie et sa perception des choses.

Cette première partie est racontée par un narrateur, quelque part dans un wagon de train. On ne sait pas grand-chose de ce narrateur, ni pourquoi il raconte cette histoire à un parfait inconnu. Jusqu’aux dernières pages en forme d’apothéose finale.

La seconde partie (les deux histoires sont indépendantes) raconte l’histoire de Bull, qui n’est souvent pas très doué avec les filles et plutôt du type « grosse soirée entre mec ». Et dans son cas, le pauvre, c’est un vagin qui va lui pousser dans le genou ! Chose qu’il niera le plus longtemps possible, en prétextant une brulure, une écorchure. Jusqu’à ses premiers ébats avec son nouvel organe.

Le moins que l’on puisse dire de ce roman, c’est que Will Self aime la provocation. C’est souvent très cru, mais sans être pour autant vulgaire. Il en rajoute dans la dénonciation de l’alcoolisme, des moeurs très prudes de ses concitoyens et de la pornographie. Il analyse de manière détournée les rôles et positions sociales tenus en fonction de son sexe et de ses orientations sexuelles. Il réduit en miette tous les clichés que l’on peut avoir sur le parfait ménage moyen. C’est à prendre au sixième degré au moins, mais ça remue dans les chaumières. Et ça, ça fait du bien !

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

« C’est comme si elle était l’objectif d’un appareil photo. Si le 1er plan était net, le fond était flou, et vice-versa. J’ai souvent l’impression que la vie c’est comme ça, pas vous ? C’est rare que quelqu’un réussisse à se concentrer sur un détail sans perdre l’ensemble de vue » p.122

Détails :

Auteur : Will Self
Editeur : Points
Date de parution : 02/09/1998
316 pages

Cette chronique a déjà été lue 2363 fois.

%d blogueurs aiment cette page :