Un premier roman qui mêle l’émotion, la comédie, le tragique, la folie. Une belle réussite.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

En flanant, au hasard. Le titre m’a interpellée ainsi que la quatrième de couv.

La quatrième de couv :

Interdiction de suer, de quitter son collant, d’avaler tout rond ! Bienvenue dans le monde de Sacha, neuf ans, élevé par sa grand-mère moscovite. Mélange explosif de folie douce et d’amour écrasant, cette redoutable gorgone veille sur son petit fils tout en le couvrant d’injures et en le gavant de médicaments. Au tableau familial, un grand-père prié de ne pas contredire et une mère déclarée persona non grata ! Sacha n’a guère d’autre choix que d’attendre et obéir. Imaginant d’improbables vengeances, il guette l’instant où le rêve basculera dans la réalité. Un grand roman de l’absurde aux accents gogoliens.

Mon avis :

Depuis qu’il a quatre ans, Sacha vit avec sa grand-mère et son grand-père. Et c’est lui-même qui va nous raconter son calvaire. Enfin, lui ne voit pas ça vraiment comme un calvaire. C’est sûr que se faire traiter de « charogne », « débile » ou même « ordure », ce n’est pas vraiment ce qu’on attend d’une grand-mère. Mais pour lui, d’un côté il y a la vie, avec son grand-père et sa grand-mère, et de l’autre côté le bonheur, lorsque sa mère vient le voir de temps en temps. Et jamais il ne pourrait s’imaginer qu’un jour le bonheur puisse devenir sa vie.

Au début, on a du mal la comprendre cette drôle de famille qui laisse cet enfant souffrir comme ça. Et puis, au fur et à mesure, on commence à deviner certaines souffrances qui, même si elles n’excusent pas tout, permettent de cerner un peu les attitudes de chacun : une fille qui n’a pas été assez aimée dans son enfance et qui n’a pas la confiance en elle nécessaire pour s’opposer à ses parents ; un grand-père qui a essayé toute sa vie d’aider sa femme, mais qui a baissé les bras depuis de trop nombreuses années ; une grand-mère enfin qui a perdu un premier enfant et ne s’en est jamais remise et qui développe visiblement un syndrome de Münchhausen par procuration.

Ça a l’air léger au premier abord, comique même dans certaine situation car raconté par un enfant de neuf ans, mais c’est une histoire tragique que nous livre Pavel Sanaïev. L’histoire d’une famille décomposée qui ne sait comment faire face à la folie et aux secrets.

Extraits

Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.

Je m’appelle Sacha Savéliev. Je suis en CM1 et je vis avec ma grand-mère et mon grand-père. Maman m’a échangé contre un nabot buveur de sang et a accroché une lourde croix au cou de grand-mère. Et j’y suis pendu depuis l’âge de quatre ans.
J’ai décidé de commencer par le récit de mon bain. Sachez que c’est une histoire intéressante. Le bain chez grand-mère relevait d’une importante procédure : vous allez en être convaincus.
p. 9

J’aimais Petite Peste, il n’ avait qu’elle et personne d’autre pour qui j’éprouvais de l’amour. Si elle avait disparu, je me serais débarrassé irrémédiablement de ce sentiment, et si elle n’avait pas été là, je n’aurais pas du tout su en quoi il consistait, m’imaginant que la vie ne servait qu’à faire des devoirs, à rendre visite aux médecins et à me ratatiner sous les cris de grand-mère.
p. 202

Détails :

Auteur : Pavel Sanaïev
Editeur : 10/18
Date de parution : 15/04/2010
266 pages

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