Une ville vide - Berit EllingsenÉtrange impression, difficile à communiquer, mais qui mérite en tout cas de se poser pour en découvrir tous les contours…

La quatrième de couv :

Une ville du nord, entre la montagne et la mer. Une ville moderne, avec ses autoroutes, ses usines et ses bureaux open-space, ses lieux de loisirs et aussi ses cimetières et ses ruines.

Le narrateur appartient à cette communauté répartie tout autour du monde, dans des villes semblables, avec au moins un parent venu de l’Asie, à la génération précédente. Les jeux vidéo, l’Internet, mais aussi le fitness ou les voyages les font disparaître dans l’anonymat de tant de gens comme eux.

C’est ce qu’a décidé de rompre le narrateur: une brusque démission de son travail, et le voilà qui doit remplacer le temps contraint et réglé par une aventure à la rencontre de soi-même.

Berit Ellingsen est norvégienne, mais écrit directement en anglais et a publié aux USA l’an dernier ce premier roman, « The Empty City », qui ne peut laisser aucun de nous indifférent. « Une exploration du silence », avait-elle choisi pour sous-titre: 76 fragments qui sont chacun une aventure intérieure, dans et par les figures de la ville, une ville qui pourrait être la nôtre, si ce n’étaient ces ciels des pays du nord.

Mon avis :

C’est l’histoire d’une homme qui « avait voulu se revendiquer d’un extrémisme, le besoin de savoir jusqu’où il pouvait s’emmener lui-même. Le temps qu’il pouvait travailler ? Le temps qu’il pouvait tenir sans manger ? Sans dormir ? À quelle vitesse pouvait-il courir ? Il s’était isolé parce que cela prenait du temps de travailler autant, courir autant, perdre le sommeil à ce point. »

C’est l’histoire d’un homme qui questionne le rapport aux choses, aux bien matériels et qui décide de « se concentrer sur ce qui lui semblait bien».

C’est l’histoire d’un homme perdu, tiraillé entre les codes culturels du pays où il vit et ceux du pays de son père.

Il flotte une ambiance difficile à retranscrire dans ce roman… Tout semble toujours se passer entre rêve et réalité. Un extrait illustre assez bien l’idée globale:
Brouillard

Quand le film se termina sans la scène, il fut surpris. Il se rappelait chaque détail : les personnages, le dialogue, les mouvements de caméra, les intervalles des plans. Puis il rit. Le meilleur moment du film, il l’avait inventé après avoir vu le film pour la première fois. Il se demanda combien d’autres de ses meilleurs souvenirs n’existaient que dans son imagination. 

De chapitre en chapitre, j’ai eu l’impression d’avancer dans un brouillard. Pas de celui qui cache tout. Mais celui qui floute les contours. Qui laisse deviner sans tout révéler. Un peu comme les séquences de ce livre qui  semblent se suffire à elles-mêmes, formant pourtant un tout cohérent à la fin.

Étrange impression, difficile à communiquer, mais qui mérite en tout cas de se poser pour en découvrir tous les contours…

Extraits :

Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.

Lire le début en ligne.

Détails :

Auteur : Berit Ellingsen
Editeur : Publie.net
Date de parution : 06/05/2013
264 pages

Cette chronique a déjà été lue 9161 fois.

%d blogueurs aiment cette page :