Seuls – Laurent MauvignierChacun dans ce drame a tenté de communiquer. Chacun avec ses propres filtres, ses codes, ses fêlures. Aucun n’a réussi à prévenir le drame…

La quatrième de couv :

Pauline est revenue. En attendant de trouver un appartement, elle s’est installée chez Tony, comme quand ils étaient étudiants.
Tony raconte à son père que rien n’a changé : il fait toujours semblant de n’être pas amoureux d’elle, et elle ne s’aperçoit de rien.
Mais quand Tony part sans prévenir personne, c’est à Pauline que son père va demander de l’aide. Et cette fois, il faudra bien que tout soit dit.

Mon avis :

A force, tu dois bien te rendre compte de mon attachement aux textes de cet auteur ! C’est pourtant toujours un peu le même sujet : des familles qui ne savent pas se parler, une société qui déraille un peu, les couples au bord du gouffre, ou ceux qui ne se sont pas vus depuis longtemps… C’est la vie, un peu celle de tous les jours. Mais Mauvignier a cette capacité à décortiquer les émotions, à mettre des mots sur les silences, à montrer ce qu’il y a au-delà.

Ici c’est une histoire toute bête au départ : un homme, Tony, qui revoit la femme, Pauline, dont il a été amoureux alors qu’il était ado. Il ne lui a jamais dit plus jeune. Et n’y arrive toujours pas maintenant qu’elle revient vivre quelques temps chez lui, le temps de se remettre d’une rupture. Lui qui a abandonné ses études par déception tente de donner le change. Peut-être que s’il fait un peu plus le ménage, que si le diner est prêt tous les soirs, peut-être, alors peut-être qu’elle le verra différemment…

C’est son père à lui qui nous livre le début de ce récit. Ce père avec lequel il n’a jamais su parler, à qui il reproche tout, sans tenter de comprendre ses propres contradictions. Ce père tente de voir au-delà des mots laissés par son fils. Mais ça fait tellement longtemps que chacun est enfermé dans son propre malheur, qu’il ne verra pas la catastrophe arriver.

Et c’est Guillaume, celui qui avait quitté Pauline, qui va prendre le relais pour la fin de cette histoire. Trop douloureux à raconter pour un père qui en avait déjà gros sur la conscience. Trop délicat pour Pauline, celle qui avait toujours vu Tony comme un grand frère sur lequel elle pouvait se reposer.

Chacun dans ce drame a tenté de communiquer. Chacun avec ses propres filtres, ses codes, ses fêlures. Aucun n’a réussi à prévenir le drame…

Extraits :

Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.

Détails :

Auteur : Laurent Mauvignier
Editeur : Minuit
Date de parution : 2004
176 pages

Cette chronique a déjà été lue 3423 fois.

%d blogueurs aiment cette page :