Fanny disait sur son blog qu’« un livre de Mauvignier est plus une expérience physique qu’intellectuelle ! ». Confirmation avec ce titre, où on a l’impression d’une respiration calquée sur le rythme des phrases.

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Après avoir découvert Mauvignier grâce à In Cold Blog et le titre Ce que j’appelle oubli, j’ai profité d’un récent passage en librairie pour acheter un autre titre de cet auteur.

La quatrième de couv :

Il avait dit : ici, je n’en peux plus. Avec toi je ne peux plus. Alors après son accident, les semaines dans la chambre blanche, son retour à la maison pour la convalescence, ça a été comme une nouvelle chance pour elle, pour eux. Elle a repris confiance et elle s’est dit, je serai celle qui donnera tout, des fleurs, mon temps, tout. Pour que tout puisse recommencer.

Mon avis :

Il avait décidé de partir, pour rejoindre l’autre, celle qu’il allait déjà voir les soirs, quand tout le monde était couché, ou presque. Mais il y a eu cet accident. Hôpital, rééducation, semaines allongé sur un lit, retour à la maison avec besoin de quelqu’un pour s’occuper de lui… Alors elle, sa femme, voit l’espoir pour leur couple, la possibilité de repartir. Car c’est elle qui va s’occuper de lui. Lui faire à manger, le changer, l’aider à faire ses premiers pas. C’est elle qui va accepter de passer sous silence l’autre, ces nuits à attendre qu’il rentre enfin, la peur continuelle de le voir partir…

Long monologue de bout en bout, c’est elle, sa femme, qui s’exprime. Elle revient sur ce qui a fait leur couple, la rencontre, la découverte et puis la routine, les dialogues qui s’appauvrissent, jusqu’à ne plus rien avoir à partager, sauf la maison, sauf les enfants, sauf le silence… Et alors commence pour elle la course effrénée pour tenter de revenir en arrière, retrouver comment et pourquoi ça fonctionnait avant, alors qu’aujourd’hui il n’y a plus que ce silence.

Et à travers les mots, à travers la construction des phrases, on sent le désespoir de cette femme, sa solitude face à ce mari, face à ses enfants, la peur de le perdre, mais d’être aussi toute seule. Comme dans Ce que j’appelle oubli, on a l’impression que la respiration est prise en otage, avec un rythme et un souffle imposés par ces phrases, par la souffrance et on se rend compte que, même avec beaucoup de volonté, il est difficile d’apprendre à finir…

Extrait :

Un premier extrait a été publié dans l’extrait du mardi.

Je me disais : nous allons réapprendre. Nous allons refaire les gestes de ceux qui apprennent, de ceux qui commencent. Nous allons faire ça, nous, à rebours, retourner vers le début.

Lire les premières pages sur le site des Éditions de Minuit.

Détails :

Auteur : Laurent Mauvignier
Prix: Prix Wepler 2000, Prix du Livre Inter 2001
Editeur : Les Éditions  de Minuit
Date de parution : 2004
127 pages

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