Vous l’aviez décidé, alors voici aujourd’hui la chronique du dernier John Irving !
La quatrième de couv
Adolescent, Bill est troublé par ses béguins contre nature pour son beau-père, ses camarades de classe, et pour des femmes adultes aux petits seins juvéniles… Plus tard, il assumera son statut de suspect sexuel, et sa vie entière sera marquée par des amours inassouvies pour les hommes, les femmes et ceux ou celles qu’on appellera bientôt transgenres.
Dans ce roman drôle et touchant, jubilatoire et tragique, John Irving nous parle du désir, de la dissimulation et des affres d’une identité sexuelle « différente ». Du théâtre amateur de son enfance jusqu’au bar hot où se joue la révélation finale, en passant par la bibliothèque où la sculpturale Miss Frost l’initie — tout d’abord — à la littérature, le narrateur s’efforce de trouver un sens à sa vie sans rien nous cacher de ses frasques, de ses doutes et de son engagement pour la tolérance, pour la liberté de toutes les altérités.
Mon avis
Il n’était pas simple d’être un peu différent dans les années 50 de l’Amérique puritaine. D’autant moins simple qu’on est un petit garçon sans père, dans une famille faite de secrets, de personnages haut en couleur et que la virilité, la vraie, se prouve dans un combat de lutte. Et c’est la voix du Bill Abott âgé qui va nous dérouler cette histoire. Comme pour prendre du recul sur ces événements qui ont jalonné sa vie.
Petit garçon toujours solitaire, son monde change le jour où sa mère rencontre un nouveau compagnon. Celui-ci va lui ouvrir les portes de la bibliothèque municipale. Et la porte vers un monde de lectures et de bonheur. Mais c’est là aussi que Bill va rencontrer Miss Frost, la bibliothécaire, qui sera pendant toute sa vie bien plus qu’un béguin. Ce qu’il a du mal à comprendre pourtant, c’est pourquoi toute sa famille, ou presque, le met en garde contre cette femme un peu particulière.
Sur près de 40 ans, John Irving retrace la vie et les errances de ce jeune Abott à la recherche de son identité sexuelle. Ni hétérosexuel, ni homosexuel, il ne sera tout à fait compris ni par les uns, ni par les autres. Naviguant d’un cercle à l’autre, il cherche son identité, il cherche son bonheur, tantôt dans les bras des femmes, tantôt dans les bras des hommes, tantôt chez les transsexuels. Sans aucun jugement, John Irving ne fait que nous montrer comment l’amour, au final, n’est pas qu’une question d’orientation sexuelle. C’est cru parfois, c’est violent aussi dans l’arrivée du VIH dans ce milieu des années 80.
Mais au final, c’est un plaidoyer pour la tolérance, pour la liberté d’aimer. Un appel à essayer de comprendre la souffrance qu’il peut y avoir quand on s’éloigne de la « norme » établie. Et aussi une magnifique galerie de personnages tous plus attendrissants les uns que les autres.
Extraits
Lire un extrait sur le site de la maison d’édition.
“Mon jeune ami, je vous prierai de ne pas me coller d’étiquette. Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître !”— A moi seul bien des personnages – John Irving
Détails
Auteur : John Irving
Editeur : Seuil
Date de parution : 18/04/2013
480 pages
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Lu en audio, j’ai eu un coup de coeur pour ce roman qui est en effet un plaidoyer à la tolérance!
Et qui m’a enfin donné envie de découvrir plus Irving !
Un auteur que j’apprécie. Mais je n’ai toujours pas lu celui-ci.
Il devrait te plaire si tu aimes bien l’auteur !
Je l’ai lu, je l’ai pas fini : je l’avais mis en pause pour lire dans les temps les livres du prix du roman Fnac, mais j’avoue que j’ai fait une trop grande pause et que j’ai pas réussi à me remettre dans ma lecture, je vais certainement le remettre en haut de PAL pour le relire bientôt, en tout cas cet avis m’en donne bien envie !
Hop hop hop, il grignote des places dans la Pal 🙂
Irving est revenu avec sa typologie d’écriture où les personnages se révèlent en galerie. A mon sens, ce n’est pas le meilleur de ses romans. Il n’y a pas l’inventivité et le grain de folie que nous pouvons lire dans « Le monde selon Garp » ou la créativité familiale de « Hotel New Hampshire »ou encore les réflexions méta-physique de « L’oeuvre de dieu, la part du diable ». Bonnes découvertes pour ceux qui ne connaissent pas.
Il m’en reste encore beaucoup à découvrir de lui justement!