C'est - Michel BrosseauMichel Brosseau est enseignant, en lycée. Pendant presque deux années scolaires, il va noter ses impressions, ses ressentis sur son travail, les élèves, l’écriture, la vie en générale.

La quatrième de couv :

L’écriture de la série s’est effectuée après lecture du C’était, de Joachim Séné, paru initialement pendant un an sur le blog d’écriture collaborative Le convoi des glossolales, puis repris sous forme d’ouvrage papier aux éditions publie.net. Reprise de la même contrainte formelle, une série d’observations démarrant par une même formule, et concernant le travail, publiées au fil des semaines sur mon site, sans périodicité définie. Le chantier s’est poursuivi pendant presque deux années scolaires, alimenté de réflexions désordonnées et d’images qui se proposaient sur le quotidien du métier d’enseignant. La transcription d’une expérience, d’un vécu au travail.

Mon avis :

Reprenant la contrainte formelle du C’était de Joachim Séné, chaque paragraphe commence par la même formule, c’est. De l’arrivée au lycée où «c’est attacher le vélo au grillage du parking, regarder les arbres du parc à côté, traverser le parking exposé au nord, à l’ombre quasi tout le temps, ses graviers sombres», il passe par les problèmes triviaux des prénoms à retenir («c’est devoir se souvenir de prénoms, et le mal qu’on a à force, à mémoriser tous ces visages, associer à chacun une série de syllabes») ou ceux absurdes d’un établissement qui semble en panne quand «c’est recevoir deux fois la même info, format A4 dans le casier de la salle des profs et en pièce jointe dans la boîte mèl».

Mais au-delà de ces aperçus qui font parfois sourire, il y a aussi ce malaise face à cette institution qui ne semble plus remplir son rôle et ces élèves qu’il ne semble plus vraiment comprendre. Il y a ce grand écart à faire entre les programmes imposés et les réalités de la classe. Entre les élèves où «c’est un tiers d’une classe qui déclare n’avoir jamais lu un roman en entier, et se demander ce que signifie qu’ils soient capables de le dire, sans même souci de provocation ou de forfanterie» et les textes, les classiques encore et toujours, où «c’est envie de sortir les griffes quand devoir subir les mais-quand-liront-ils-les-clââââssiques-sissenètolycée ?». Ou aussi le grand écart entre ce qui doit se faire ou pas : «c’est cette croyance qu’affichent certains, que le numérique doit demeurer à la porte des salles de classe, quand c’est via internet que tu fais l’appel et remplis ton cahier de textes»…

Et puis c’est aussi une langue particulière, belle, pour dire «c’est la conviction que c’est aussi un vice du temps ce tant/trop d’importance donné au travail, qu’il est dangereux de limiter sa vie à l’activité professionnelle, de n’avoir que celle-ci pour forger son identité». Et c’est se dire que finalement, s’il existe encore des profs comme ça, de ceux qui pensent que «c’est se dire que défendre l’héritage humaniste passe par d’autres voies que celles imposées par les programmes et l’examen du bac», alors tout n’est pas encore si noir pour l’enseignement.

Extrait :

Lire les premières pages sur le site de publie.net.

Détails :

Auteur : Michel Brosseau
Éditeur : Publie.net
Date de parution : 24/09/2014

 

Cet article a également été publié sur Hexagones – L’aventure du nouveau journalisme.

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