Voilà, l’Eté du Livre 2010 à Metz, c’est déjà fini. Le bilan est assez simple et un peu différent de ce que je vous annonçais :

  • 2 conférences
  • 1 rencontre
  • 2 déambulations sous le chapiteau où se trouvaient les auteurs
  • 1 découverte
  • 3 livres achetés

Les conférences

« Google et le nouveau monde » – Bruno Racine, président de la BnF

Une conférence très intéressante. La base de la discussion a été le livre écrit par Bruno Racine dont le titre est justement Google est le nouveau monde. Il nous a donc parlé de sa vision du livre numérique et des bouleversements que cela est en train d’amener pour les institutions, les maisons d’éditions et les lecteurs. Quelques idées en vrac :

  • La mutation du livre papier vers le livre numérique est tout aussi importante que la révolution qui a eu lieu lors de l’invention de l’imprimerie par Guttenberg. La grosse différence aujourd’hui est l’échelle temps, car tout va beaucoup plus vite aujourd’hui.
  • Le potentiel du livre numérique sera d’autant plus grand qu’il sera différent du livre papier et qu’il permettra d’offrir des choses en plus (par exemple les méta-données)
  • Cinq défis aujourd’hui pour la numérisation des livres et documents pour les institutions :
    • le défi technique avec la conservation des données. Les données numériques sont périssables et doivent donc être stockés à plusieurs endroits différents (copie). Problème aussi des logiciels qui doivent toujours être à jour pour continuer à lire les formats (même anciens), problème des fichiers corrompus…
    • le défi de la collecte numérique, car le but est de collecter tout ce qui se publie aujourd’hui, même les blogs (en partie en tout cas, avec par exemple les blogs politiques lors de campagnes présidentielles)
    • le défi juridique avec une nécessaire adaptation des règles de la propriété intellectuelle et artistique au numérique
    • le défi financier, car la numérisation rétrospective du patrimoine coûte cher
    • le défi réel dans le sens où toutes ces informations collectées pourront être disponibles, mais il faut trouver un moyen d’aider les gens à s’y retrouver et leur offrir non pas toute l’information en vrac mais l’information utile et pertinente pour leur recherche.
  • De tout cela découle, pour lui, que le numérique n’est pas une menace, mais un champs d’activité supplémentaire pour les métiers que l’on pense menacé aujourd’hui.

Je suis repartie de cette conférence, confortée dans mes idées : le futur du livre numérique n’est pas dans la transposition du livre papier au livre numérique, mais bien une nouvelle forme de création, induite par le support.


Ecriture et Modernité – François de Closets

Une deuxième conférence pour la journée du vendredi, basée cette fois sur le dernier livre de François de Closets, Zéro faute. Je pense qu’en commençant sa conférence, il en a fait bondir plus d’un. En effet, pour commencer, il nous soutient que la faute de grammaire n’est pas le mal absolu tel qu’on nous le décrit depuis notre plus petite enfance. En pleine formation de correctrice, je dois dire que cela m’a semblé un peu bizarre venant de la part d’un auteur. Et puis au fil des explications, j’ai compris où il voulait en venir et, même si je suis encore réticente à cette vision, j’ai compris le propos et l’intention. Voici quelques idées en vrac :

  • Il fait une distinction claire entre l’oralité et l’écriture dans le sens où il existe une langue pour la conversation parlée, une autre pour l’écriture et même aujourd’hui une troisième pour la conversation par clavier interposé ; le clavardage comme le nomme les Québécois.
  • Cette écriture de conversation par clavier utilise l’écrit pour parler et non plus seulement pour établir des textes.
  • L’orthographe du XXIe siècle doit être l’orthographe sans fautes assistés par ordinateur. Aujourd’hui il vaudrait mieux apprendre aux enfants à utiliser correctement un correcteur orthographique car ils n’écriront, dans leur vie d’adulte, quasi plus sur papier et donc le dictionnaire est dépassé. La bonne maîtrise d’un correcteur orthographique suppose une bonne maîtrise des bases de la grammaire française. C’est dans ce sens que devrait, aujourd’hui, travailler l’Education nationale.
  • Dans le cadre de la réforme de l’orthographe, il s’interroge sur la prédominance dans les médias de la position des auteurs et l’absence totale du point de vue des grammairiens par exemple. Il nous rappelle que la plupart des textes des auteurs (du XVIIIe siècle à aujourd’hui) sont corrigés par des correcteurs humains, car ils ne sont pas et n’ont jamais été, infaillibles en orthographe.
  • Les puristes refusent aujourd’hui à la langue d’évoluer. Le français ne s’invente plus aujourd’hui avec le monde.

Au final, une analyse non dénuée d’intérêt, où l’orthographe correct a toujours sa raison d’être, mais est à nuancer en fonction du contexte. Il s’agit ici surtout d’apprendre à dédramatiser la faute, en tout cas dans un contexte de conversation. J’ai retenu aussi de cette conférence l’extraordinaire façon de raconter de François de Closets qui nous a fait rire et sourire tout le long.


Les conférences ayant été filmées, il sera certainement possible de les voir sur le site de L’Eté du Livre.


Je pensais arriver à faire un seul article pour vous raconter tout L’Eté du Livre, mais je suis trop bavarde. Je vous raconte donc la suite demain ? Au programme, la rencontre, la découverte et les livres !

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