Ce documentaire, à voir absolument, vous permettra de découvrir comment braquer une banque sans passer par la case prison, mais en causant, au passage, une crise mondiale. Consternant, édifiant et révoltant !

Synopsis :

La dépression mondiale, dont le coût s’élève à plus de 20 000 milliards de dollars, a engendré pour des millions de personnes la perte de leur emploi et leur maison. Au travers d’enquêtes approfondies et d’entretiens avec des acteurs majeurs de la finance, des hommes politiques et des journalistes, le film retrace l’émergence d’une industrie scélérate et dévoile les relations nocives qui ont corrompu la politique, les autorités de régulation et le monde universitaire. Narré par l’acteur oscarisé Matt Damon, le film a été tourné entre les Etats-Unis, l’Islande, l’Angleterre, la France, Singapour et la Chine.

Mon avis :

Tout commence par de fabuleuses images de l’Islande. Il y a la mer, des paysages époustouflants, des couchers de soleil merveilleux… Mais tout cela n’est là que pour illustrer de manière violente la situation de ce petit pays qui s’est retrouvé en situation de faillite en 2008. Exemple radical, mais qui illustre certaines conséquences de la crise mondiale qui nous a tous frappés en 2008.

En quatre parties, le réalisateur commence par nous présenter la situation à Wall Street de la Grande Dépression jusqu’au début des années 80. Alors que jusque là un trader, cité en exemple dans le documentaire, ne gagnait pas assez pour nourrir sa famille et devait prendre un deuxième job, après les dérégulations mises en place par le gouvernement Reagan, il devient vite millionnaire. On aborde également l’analyse des mécanismes qui ont engendré cette situation : la spéculation de plus en plus grande, les subprimes, la titrisation, les banquiers qui vendent des titres à leurs clients tout en pariant sur l’effondrement de ces mêmes titres, des banques qui empruntent jusqu’à 33 fois plus que ce qu’elles ont en fond propre, les agences de notation qui attribue des AAA à des sociétés à deux jours de leur faillite, des bonus qui se chiffrent en millions, des patrons qui possèdent jusqu’à 6 jet privés, le rêve américain défendu jusqu’au bout dans cette possibilité offerte à tous d’avoir au moins aussi bien que son voisin, sinon mieux, et plus, toujours plus… Jusqu’à cette date fatidique de septembre 2008 et la faillite de Lehman Brothers.

Ça va vite, très, très vite, filmé comme un film d’action, avec la musique adaptée pour donner juste ce qu’il faut d’ambiance tragique. Les interviews sont incisives, filmées en plan rapproché, et s’enchaînent avec l’historique de cette crise et les liens qui existent entre les banques, les fonds d’investissement, les compagnies d’assurance, les business school, les lobbyistes et le gouvernement… Pour les non-initiés à l’économie, il peut y avoir quelques moments de flottement, mais, globalement, Charles Ferguson est un très bon pédagogue et même si vous ne comprenez pas toutes les subtilités, vous en comprendrez assez pour avoir envie de tous les fusiller.

Parce qu’au final, c’est un peu ce qu’on ressent quand ce film se termine. Ils ont joué avec notre argent, nos vies, notre futur, et cela sans qu’ils ne soient le moins du monde inquiétés aujourd’hui. Ils ont joué et perdu, mais aujourd’hui, ils continuent tous à vivre une vie tranquille. Certes, il leur manque maintenant quelques millions ! Mais comparé à la situation de ces millions de personnes à travers le monde qui se sont retrouvées sans emploi, sans maison, sans assurance, sans retraite, sans perspective d’avenir, cela est bien maigre ! Seule consolation qu’on aura, c’est de voir certains d’entre eux pris en défaut par le journaliste qui relève chacun de leurs mensonges, les pousse dans leurs retranchements jusqu’à les faire balbutier ou les tourner en ridicule. Je pense particulièrement à Frederic Mishkin, gouverneur de la Réserve fédérale, qui, en pleine crise financière préfère démissionner pour mettre à jour un manuel universitaire…

Aujourd’hui encore, alors que beaucoup parlent de la crise comme d’un événement passé, elle est bien présente dans de nombreuses familles. Il suffit de voir ce qui se passe en Espagne ou en Grèce pour s’en rendre compte. Alors pourquoi cela ne change pas, malgré les promesses faites par Baraka Obama ? Parce que les pouvoirs des lobbyistes sont toujours aussi grands et, surtout, que bon nombre des grosses têtes qui ont fait chuter l’économie mondiale sont aussi celles qui aident à sa reconstruction. Il y a comme un problème, non ?

A voir, absolument, pour tenter de comprendre un peu mieux comment on en est arrivé là et pourquoi cela nous arrivera encore dans le futur !

Bande-annonce :

Extrait concernant le trader qui avait deux job avant la dérégulation

Détails :

Réalisé par Charles Ferguson (article Wikipedia pour en savoir plus sur l’auteur (en anglais))
Site officiel du film (en anglais) : www.sonyclassics.com/insidejob
Long-métrage américain
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 17 novembre 2010
Durée : 2h00
Prix : Oscar du Meilleur film documentaire ; Meilleur réalisateur de film documentaire (Charles Ferguson)

Cette chronique a déjà été lue 3718 fois.

%d blogueurs aiment cette page :