Au début on y va doucement, à tâtons. C’est étrange comme écriture, c’est déstabilisant.
Et puis d’un coup, sans qu’on ne le remarque, on est dedans, pris par la frénésie de cette ville et cette écriture qui ne nous laisse pas deux secondes de répit !
La quatrième de couv :
L’un des auteurs les plus célèbres et controversés des Etats-Unis nous livre ici son premier roman : une chronique audacieuse du Los Angeles contemporain. Des dizaines de personnages défilent sous les yeux du lecteur – certains ne font qu’une unique apparition – tandis que James Frey s’attache à narrer les vies dramatiques d’une poignée d’âmes perdues de Los Angeles : une jeune Latino-Américaine brillante et ambitieuse qui voit s’écrouler ses espérances dans un moment d’humiliation cuisante ; un acteur de films d’action narcissique à l’excès que la poursuite d’une passion impossible risque de détruire; deux jeunes gens de dix-neuf ans qui fuient l’atmosphère étouffante de leur ville natale et se battent pour survivre aux marges de la grande ville ; un vieil alcoolique de Venice Beach dont la vie est bouleversée par l’irruption d’une adolescente toxicomane à demi morte devant les toilettes où il a élu domicile.
Ce roman puissant résonne des millions d’autres vies qui, mises ensemble, décrivent une ville, une culture et une époque. L.A. Story, en un tour de force ébouriffant, déroule les joies, horreurs et hasards inattendus de la vie et de la mort dans la cité des Anges.
Mon avis :
L.A. Story est construit comme doit certainement l’être cette ville : un enchevêtrement d’histoires, d’Histoire, de faits, d’urgence.
On a tout d’abord l’écriture avec une ponctuation qui disparait parfois totalement et donne une impression d’urgence à raconter, faire savoir. Elle nous tient en apnée et nous entraîne dans des textes très denses qui nous laisse à bout de souffle.
Il y a aussi l’Histoire de L.A. qui commence en 1781 jusqu’à nos jours. Cette Histoire là entre-coupe les chapitres de quelques phrases, rarement plus de quelques paragraphes. Elle nous permet d’avoir un éclairage supplémentaire sur la façon dont c’est construit cette ville et démontre déjà la folie de certains hommes.
Ensuite on a les histoires et les vies de ceux qui vivent dans cette ville. Certains n’ont le droit qu’à quelques lignes. Mais on va aussi suivre plus particulièrement quatre histoires de rêve américain :
- on a Vieux Joe, le SDF qui tous les matins « s’allonge sur le sable et attend une réponse » ;
- Maddie et Dylan qui ont fuit leur famille violente et se sont mis à rouler « en direction de la lueur » ;
- Amberton, acteur célèbre, « Symbole de la vérité et de la justice, de la sincérité et de l’intégrité. […] Hétérosexuel en public. Homosexuel en privé.«
- et Esperanza, qui a eu la bonne idée de naître sur le sol américain alors que ses parents passés clandestinement la frontière. « Fille américaine. Foyer américain. Rêve américain.«
Et puis, au fil du livre James Frey nous dresse des listes de faits. Des faits donnés bruts. À chacun ensuite de se faire sa propre opinion sur la folie de cette ville et les rêves et déceptions qu’elle suscite. Juste pour vous donner une petite idée, en voici des exemples :
- un échantillon de clients dans une journée pour un magasin d’armes à feu ;
- les principales autoroutes qui traversent, encerclent, asphyxient la ville ;
- les gangs ;
- les quartiers et les cultures qui les composent ;
- les catastrophes naturelles ;
Et vous pourrez en découvrir encore bien d’autres, certaines qui font rire, même parfois rire jaune.
Je n’ai jamais mis les pieds à Los Angeles. Je ne peux donc pas être sûre que cette ville est réellement comme ça, mais voilà comment moi j’ai compris ce livre et cette ville.
Extraits
« […] et quelque part dans la maison des enfants de cinq jours dorment assiégés parce que leur mère a un joli sourire de beaux cheveux et sait dire un texte devant une caméra. » p. 366
« Certains rêvent d’un toit, d’autres d’un lit, d’autres d’un travail, certains rêvent d’assez d’argent pour manger, d’autres d’oublier, de quitter, se cacher, se transformer, devenir, certains rêvent le simple rêve de passer la journée sans crainte de mourir, d’autres de familles ici ou là ou quel que soit l’endroit où ils les ont laissées, rêvent de les faire venir de repartir à zéro qu’on leur donne leur chance, certains rêvent d’avoir le droit de vivre parler croire et s’habiller comme ils l’entendent. Certains rêvent de célébrité mais ils sont peu nombreux comparés à ceux qui rêvent d’un endroit qui les accueille, les nourrisse, les laisse devenir la fleur ou le poison qu’ils cherchent à devenir, les laisse crier hurler décrier prier discuter conclure des marchés acheter vendre donner prendre devenir ou non ce qu’ils veulent parce que c’est possible, c’est possible ici. » p. 488
Détails :
Auteur : James Frey
Editeur : Flammarion
Date de parution : 19/08/2009
492 pages
Cette chronique a déjà été lue 2679 fois.
Commentaires récents