En cette 1re soirée de l’année 2011, Paroles d’Encre a invité Jean-Marie Laclavetine, qui malheureusement était souffrant et n’a pas pu nous rejoindre. Nous aurons donc un intervenant unique, Denis Grozdanovitch pour son premier roman, La secrète mélancolie des marionnettes.

La soirée débute par un hommage à Jacqueline de Romilly, en diffusant l’enregistrement d’une intervention faite il y a quelque année. Elle émeut par son humilité, son humanité toute simple, sa joie et sa gentillesse. Une autobiographie est annoncée, rédigée pour être publiée après sa mort.

Denis Grozdanovitch

La secrète mélancolie des marionnettes, Denis Grozdanovitch

Denis Grozdanovitch est ici pour la 5e fois. Il publie son 9e titre qui est aussi son premier roman. Bien sûr, la première question est « pourquoi un roman après tant d’essais ? ». L’auteur ne considère pas ses livres précédents comme des essais, mais comme une sorte de mélange qu’il a du mal à qualifier. Il tient à ce mot de mélange, car il n’aime pas le conformisme. Ce genre a selon lui disparu car le roman a tout envahi. L’habitude d’écrire des textes courts tient à son mode de vie, il n’a pas le loisir de s’immerger complètement dans l’écriture. Cette fois-ci, il s’est lancé dans un roman car un éditeur l’a sollicité et lui a versé un à-valoir qui lui a permis de se libérer de ses contraintes. Il faut une énergie nerveuse forte pour garder la continuité nécessaire à la rédaction d’un roman.

Dans ce livre, le narrateur, Denis, est invité dans une résidence d’écrivains près de Florence, où il rencontrera des personnages variés et extraordinaires qui vont accompagner ses pérégrinations. Il rencontrera aussi Anna avec qui il vivra une histoire d’amour brève mais intense.

Sa méthode d’écriture est simple : se mettre devant sa table et se faire plaisir à soi-même. Il propose même cette méthode à l’animateur pour le convaincre d’écrire ! Denis Grozdanovitch explique qu’il faut être sincère avec soi-même dans sa singularité, ce qui permet de rejoindre l’universel. Il cite Tchékov : « transcender la vie par le rêve ». Pour écrire ce livre, il a adopté la méthode de Blaise Cendrars : l’exagération, le mentir vrai. L’auteur a utilisé des carnets écrits pendant sa résidence d’écrivain en Italie, il est parti de personnages et de situations réelles, mais les a réinventés pour écrire un roman déjanté, habité de personnages ahurissants.

Denis Grozdanovitch aime l’humour anglais et a parsemé son livre de notes d’humour. Le roman fourmille d’anecdotes : un match de tennis, une visite d’un musée d’histoire naturelle fermé, une rencontre avec un prêtre qui a perdu la foi… Une anecdote sur les marionnettes permet de poser la question de la manipulation : qui est manipulé, qui ne l’est pas ? Est-ce quand on a conscience d’être manipulé qu’on est libre ?

Revenant à la question de la singularité et de l’universel, se disant désespéré face au monde d’aujourd’hui, Denis Grozdanovitch pratique l’escapisme : se soustraire à une société qu’il juge illégitime mais qu’il ne peut pas changer. Face à l’hyper-consumérisme, il pense qu’il faut laisser aller, laisser ce monde s’écrouler pour qu’en surgisse un meilleur. Il faut être un individu pour devenir universel. C’est une sorte d’individualisme solidaire.

L’avis de Paroles d’Encre : «Denis Grozdanovitch a réussi un superbe roman d’initiation !»

La secrète mélancolie des marionnettes, Denis Grozdanovitch, Ed. de l’Olivier

Conclusion :

Denis Grozdanovitch a une particularité : ses livres ont des titres incroyables L’art difficile de ne presque rien faire, Minuscules extases, etc. qui donnent furieusement envie de le lire. Après l’avoir écouté, l’envie est là, mais on ne sait où donner de la tête. Pour ma part j’ai acheté Petit traité de désinvolture, dont je vous parlerai dès que je l’aurai lu.

 

Pour tous renseignements sur le fonctionnement de l’association ou son programme, vous pouvez écrire à parolesdencre@wanadoo.fr.

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