Les longs silences – Cécile PortierC’est un mélange subtil et délicat de considérations sur les autres, sur soi, sur le travail qui fait mal, sur la vie qui parfois blesse.

La quatrième de couv :

En février 2014, à la suite d’un burn out, Cécile Portier entre pour trois semaines en clinique psychiatrique. Pendant ce temps de soins, elle éprouve le besoin de noter les sensations qui la traversent, d’écrire ce lieu et ceux qu’elle y rencontre. (…) Cécile Portier enregistre au plus ras de ce qui se passe, du temps qui ne passe pas. Et toujours, ce refus de se laisser enfermer, jusque dans ce qu’on attend d’elle.

Mon avis :

Quelle que soit la raison pour laquelle on entre dans une clinique psychiatrique, c’est une expérience qui laisse des traces. Alors, comme pour prendre du recul par rapport à la situation, Cécile Portier consigne ce qui se passe dans ce grand salon où «tout commence, tout finit, tout continue». Elle livre les heures vides, le sommeil qui parfois fait défaut, les ateliers ou les longs silences plein de bienveillance.

De «celle qui arrive en début d’après-midi, le salon est presque vide, elle en fait le tour, n’arrive pas à choisir quel fauteuil occuper parmi tous ceux vacants, repart» à «celle qui serait prête à croire qu’elle est dans un zoo sans spectateur» ou encore «celle, infirmière, qui s’étonne presque parce que c’est moi qui lui demande comment ça va», elle dresse un portrait de celles et ceux qui se retrouvent là pour un temps ou pour longtemps. Des êtres perdus ou brisés, en attente d’autre chose ou d’un temps qui passe, tout simplement. Mais c’est aussi une réflexion sur cette défaillance qui l’a menée là: «L’interne de soi-même, son propre intérieur, se met parfois à mentir. (…) On dort, on dort beaucoup, pour que dans un premier temps l’intérieur se taise.» Et ce monde du travail qui revient vite au détour d’un atelier ou d’une pensée pour se demander qui y a encore sa place finalement ?

«Je pense au jeu social du dehors. Nous devons obéir aux règles, et ce qu’on nous demande est de plus en plus difficile. Nous sommes mesurés, évalués, nous ne sommes jamais assez performants. Nous devons obéir à des ordres qui se font passer pour l’ordre des choses. Nous échouons. C’était prévu.»

Ce n’est pas un récit du soi. Ce n’est pas non plus un texte à charge contre les cliniques psychiatriques. C’est un mélange subtil et délicat de considérations sur les autres, ses propres failles, sur le travail qui fait mal, sur la vie qui parfois blesse. C’est tout en retenue et pudeur au début, avant de gagner en force et en confiance. Avec cette idée que «nous qui sommes défaillants, nous avons quelque chose à donner».

Extrait

Découvrir un extrait sur le site des éditions Publie.net.

Tous les visages ici sont des visages qu’on pourrait croiser dans le métro, et c’est important d’y penser.

Détails :

Auteur : Cécile Portier
Éditeur : Publie.net
Date de parution : 04/11/2015

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