– Tiens donc. Et c’est quoi, ce Mensonge ?
– Le Mensonge du progrès. Le Mensonge de l’expansion illimitée. Le Mensonge du « croître ou crever ». Écoute-moi. On s’est fait un joli feu de joie commercial, mais au lieu de jouir tranquillement de sa chaleur, de griller des marshmallows dessus et de lire les grands classiques à sa lumière, on s’est mis dans la tête de le faire devenir de plus en plus grand, de plus en plus chaud, à tel point que si les flammes ne s’élevaient pas plus haut d’un trimestre à l’autre, cela entraînait beaucoup de soucis et de frustration. Eh bien, n’importe quel Bozo sur la rive aurait pu nous dire que si on nourrit un feu de joie sans arrêt, tôt ou tard, on finit par brûler tout le bois et le feu s’éteint ; ou alors, le feu devient trop important et on en perd le contrôle, il engloutit tout le pays et brûle ses habitants. La nature a toujours mis des limites à la croissance : il y a des limites à la taille des individus de chaque espèce, des limites à la taille des populations. Est-ce qu’on a vraiment cru que le capitalisme faisait exception aux lois de la nature ? Est-ce qu’on a vraiment confondu consommation sans fin et progrès sans fin ? Benjamin De Casseres, un Français qui donnait des cours à l’université de Tombouctou, a défini le progrès comme « la victoire du rire sur le dogme ». Eh bien, voilà une victoire qui mérite d’être célébrée.
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