2013 sera à nouveau marquée par des chroniques express. Une manière de vous présenter plusieurs livres en même temps. Et surtout de tenter de rattraper le retard de chroniques.
Aujourd’hui on s’attaque à trois styles bien différents : la critique d’une société défaillante, la vie simple d’une femme de ferme et les histoires d’un balayeur dans un aéroport qui vous assure que le Japon n’existe pas.
Karoo – Steve Tesich
Saul Karoo est script doctor pour le cinéma. C’est à lui que revient la charge d’améliorer les scripts pour les séries ou les films. C’est un as dans son domaine. Et c’est bien le seul domaine dans lequel il excelle. Divorcé, en froid avec son ex-femme, un fils adopté avec lequel il n’a que peu de relation et par dessus tout, il est maladivement incapable de se retrouver dans l’intimité avec qui que ce soit.
Alors il fait dans la vie ce qu’il fait pour ses scripts. Il arrange, il invente, il confond la réalité et la fiction parfois. Et pourtant, ce n’est plus l’alcool qui lui fait cet effet. Il a même perdu cette faculté-là. Quelles que soient les quantités ingurgitées, il reste sobre. Complètement et désespérément sobre.
Au début j’ai aimé le côté caustique de ce personnage et de son histoire. Un couple défaillant, des relations humaines défaillantes, dans une société elle-même défaillante… le tout aurait pu me plaire. Mais, au fur et à mesure, Karoo et ses défaillances ont commencé à me lasser, à m’ennuyer. Et la dernière partie, qui part dans un délire halluciné, aura achevé de me perdre.
Une femme de ferme – David Dumortier (Suivi de Le livre des poules)
Un monde paysan croqué en quelques phrases, du point de vue d’une femme qui vit seule et assure les travaux des champs. Les phrases sont courtes mais expressives. C’est toute une vie qui est narrée à travers les yeux de celle qui vit des choses simples de la vie. C’est poétique et reposant.
Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.
J’ai nettement moins accroché sur Le livre des poules qui reprend des jeux de mots autour des expressions contenant le mot poule.
Le Japon n’existe pas – Alberto Torres-Blandina
Salvador Fuensanta est balayeur dans un aéroport. Ce lieu, c’est un peu sa seconde maison. Il y a ses habitudes pour prendre un petit café. Il connaît tous les autres employés, leur vie, leurs petits secrets, leurs amours. Ce n’est pas qu’il les espionne, mais il se lie facilement avec tout le monde. Et il sait écouter. Alors à force, il sait tous les codes à respecter. Comme le pacte des aéroports. Un pacte qui vous apprendra qu’il ne faut pas s’éventer avec un livre dans une salle d’attente. A part si vous souhaitez croiser quelqu’un pour un rendez-vous sexuel.
Au fur et à mesure de ses rencontres avec les voyageurs, Salvador en profite pour dérouler les histoires. Elles se croisent, se complètent et chacun y est sincère car « vous n’imaginez pas combien la réalité est différente dans un endroit comme celui-ci où personne ne se dissimule parce que personne ne se connaît« .
Salvador est à quelques jours de la retraite, alors cette histoire c’est un peu l’histoire de sa vie. Tout fini par s’y mêler, la fiction comme la réalité et, si vous aussi vous lisez ce livre, « vous allez découvrir de nouvelles perspectives que vous ne soupçonniez pas avant ». Bref, un moment divertissant et agréable. Ce qui reste assez rare dans la salle d’attente d’un aéroport !
Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.
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3 livres en une chronique, bravo !
Merci 🙂