On aime ou on aime pas, mais Bret Easton Ellis a le mérite de faire réagir à travers des personnages vides et qui ont l’impression de ne rien avoir à perdre.
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
J’ai lu, il y a longtemps, American Psycho. J’ai Glamorama dans ma pile à lire depuis un moment. Et quand Blog-O-Book a proposé ce livre en partenariat, j’ai pensé que c’était une bonne idée de lire le tout premier livre de cet auteur. Surtout que Suite(s) impériale(s), sorti pour cette rentrée littéraire est la suite, est la suite de Moins que zéro.
Vous pouvez lire les avis des autres participants sur le site de BoB.
La quatrième de couv :
Clay, jeune étudiant sur la côte Est, revient à Los Angeles pour les vacances de Noël. Il erre de fête en fête, avec les filles et fils de riches producteurs, essaye diverses drogues, se demande ce qu’il éprouve pour sa petite amie, couche avec celles et ceux qu’il croise, au hasard des rencontres. Il observe avec un froid détachement le mal-être, le désœuvrement désabusé et halluciné de ceux qui l’entourent, l’angoisse, le vertige tapis dans l’apparente indifférence, la recherche incessantes de plaisirs, l’accoutumance l’apathie, et le vide qui les consument.
Clay remarque sur les panneaux publicitaires de L.A. cette étrange injonction « Disparaître ici ». Dans ce monde miroitant, factice, qui ne parvient plus à masquer le désespoir et la violence qu’il engendre, il est difficile de rester en vie. Le sexe, l’ivresse, l’argent n’apportent ni le bonheur ni la puissance escomptés. Mais ils demeurent peut-être les derniers objets du désir, pour se sentir encore vivant.
Mon avis :
Vous commencerez ce livre et vous serez énervés. Obligatoirement. Ces personnages m’avaient d’ailleurs tellement énervés et ennuyés que j’avais exprimé mon agacement dans les commentaires de la chronique de Sébastien L. Ça me semble facile de prendre ces jeunes qui ont tout et de nous faire un livre sur la vacuité de leur existence.
Car au départ, tout ce qu’on vous livrera, c’est une multitude de jeunes tous identiques : « corps graciles et bronzés, cheveux blonds coupés court, yeux bleus au regard vide, mêmes voix atones« . Ce qu’ils font ? Ils se traînent de fêtes privées en boites de nuit ; ils consomment toutes les drogues qu’ils peuvent trouver ; ils végètent sur le bord d’une piscine, imbibé d’alcool ; ils consomment le sexe, comme tout le reste, sans discernement ; ils boivent des cafés dans les derniers endroits à la mode… Ils ont l’impression de ne rien avoir à perdre et font tout pour ne pas se retrouver, de façon lucide, devant le vide de leur existence et le manque de sens de leur présent et aussi de leur futur. On a qu’une envie, arrivé à la moitié de ce livre, les secouer et leur ouvrir les yeux sur des problèmes autrement plus sérieux que le fait de ne pas savoir dans quelle maison de papa-maman ils vont pouvoir aller passer leur soirée !
Et à un moment on bascule. Ce n’est pas radical, mais j’ai senti que ma colère et mon ennui se changeaient tout doucement pour une sorte d’émotion et un peu de pitié pour ces jeunes. Parce qu’au final, ces jeunes d’à peine 18 ou 20 ans ne font que ce que font tous les enfants : ils testent les limites. Pour qu’on les écoute, pour qu’on les remarque, pour que quelqu’un leur dise enfin : je t’ai entendu, je te vois, tu existes pour moi, je t’aime. Le seul problème, c’est que personne n’est là pour jouer ce rôle. Les parents sont bien trop occupés par leur propre vie faite de voyages, maîtresses, travail, stress pour seulement daigner offrir à leurs enfants autre chose qu’un chèque.
Il y a de nombreuses scènes très dures dans ce livre et qu’aucun manque affectif ne peut excuser. Et il est donc très difficile de ressortir de ce récit avec un avis tranché. Il y a quand même une chose que l’on ne peut enlever à Bret Easton Ellis : il nous fait réagir. Par la colère, l’énervement, l’ennui ou la pitié, mais on réagit forcément devant ses personnages. A vous de voir quelle sera maintenant votre réaction face à cette vie qui vaut moins que zéro…
Détails :
Auteur : Bret Easton Ellis
Traducteur : Brice Matthieussent
Editeur : Robert Laffont
Date de parution : 16/09/2010 (1re parution : 1985)
232 pages
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Bonjour !
Moi j’ai beaucoup aimé Moins que Zéro.. Je trouve que, justement, l’intérêt dans ce livre, c’est cette vanité de l’existence… D’ailleurs ça m’a toujours fait penser aux films de Gregg Araki (Doom Generation et Nowhere) dans lesquels des héros perdus tournent en rond dans leurs paradoxes. Et puis dans une moindre mesure, ça me fait penser à l’Etranger de Camus : ces jeunes sont tellement étrangers à la vie et à eux-même qu’en les observant on se sent dans un léger déséquilibre… Comme si leur monstruosité nous ramenait à notre humanité. Sur ce… bon lundi !!!
D’un côté, j’ai bien aimé aussi ce livre. Parce qu’il a déclenché une réaction chez moi. Et rien que ça, c’est déjà bien. Il y a quand même des parties qui sont très violentes. Mais en même temps, on se rapproche d’un Stanley Kubrick et son Orange mécanique où la violence gratuite est omniprésente. Et pour Kubrick, j’ai eu beaucoup de mal la première fois que j’ai vu le film. Je n’ai pas compris l’intérêt. Au deuxième visionnage, j’ai pu prendre du recul et comprendre les intentions.
Pour ce roman, j’ai déjà un peu plus de recul, mais je pense qu’une 2ème lecture serait pas mal aussi. J’ai été tellement énervée par ces personnages au début, que ça a pris le pas sur le reste. Bonne semaine à toi 🙂
j’ai entendu ici et là des commentaires très sévères à l’égard de ce roman. J’ai noté dans ma LAL Lunar Park. Mais ce n’est pas dans mes projets immédiats.
Disons que Ellis a quand même un style à part. C’est facilement provocateur et violent.Je n’ai pas lu Lunar Park, mais si tu n’as jamais lu cet auteur, il vaut mieux être préparé !
Au moins, voici un livre qui ne m’intéresse pas du tout… un de moins sur ma liste à lire. American psycho, abandonné avec écœurement au bout de 20 ou 30 pages, alors que je donne toujours une chance supplémentaire à un livre, m’a dégoûtée à tout jamais !
Si tu as abandonné American psycho, effectivement, ce livre n’est pas pour toi ! C’est particulier comme livres…
« (…) je dois bien admettre que, dans mon univers fictionnel, le mal est toujours là. Peut-être parce que je suis paresseux, et qu’il est plus facile d’écrire sur le mal que sur le bien. Ecrire sur le mal, c’est la façon la plus simple d’obtenir une réaction de celui qui vous lit, car c’est un sujet qui intéresse tout le monde. Le diable est toujours populaire, les anges le sont beaucoup moins ». B.E. Ellis
Un auteur incontournable pour moi, même si j’ai de fortes réserves quant à « Suite(s) impériale(s) » qui ne me semble qu’une pâle copie de « Moins que zéro »…
J’attendrais certainement une sortie en poche pour Suite(s) impériale(s). J’ai de toute façon Glamorama en attente. Incontournable, je ne sais pas. Pas tout à fait pour moi. Enfin, ce n’est que le 2e livre que je lis de lui, peut-être que je changerais d’avis au suivant !
J’ai lu « Moins que zéro » à l’époque où il est sorti. J’ai lu le premier paragraphe de son dernier. Je bloque DÉFINITIVEMENT sur cette attirance morbide pour les snuff movies. Je ne peux pas. C’est viscéral. Comme pour les « 120 journées… » de Sade. Comme « Secret Story », « Le chaînon manquant », « Koh-Lanta », « La Nouvelle Star », « Masterchef »… on est au delà du fascisme. Un parfum de camps..
Et pourtant à la sortie du livre, il n’y avait pas encore de télé-réalité… Pas sûre d’avoir envie de lire la suite de ce livre. Ce qui me dérange le plus c’est l’aspect « pauvre petit riche à plaindre ». Comme si la richesse était une excuse à la drogue, au sexe dépravé et tout ce qui va avec…
Par contre, j’aime quand même le fait qu’il soit arrivé à me les faire tellement détesté, plus à les prendre un peu en pitié…
Maintenant, je ne connais pas Le chaînon manquant et n’ai jamais regardé Secret Story (enfin si, pendant une insomnie et ça m’a fait peur) ni Koh-Lanta, mais si tu y sens un parfum de camps, je te conseille ParK, que j’ai chroniqué il n’y a pas longtemps…
Un roman lu il y a des années quand j’étais en fin d’adolescence. Avec le même ressenti que toi. Du coup, je ne lirais pas son dernier bouquin « 20 ans parès » (ou dans ce goût là…)
Je n’ai pas encore décidé si je lirais la suite ou pas… Peut-être en poche, si un jour il me tombe dans les mains ou lors d’un partenariat peut-être. Mais pas tout de suite. De toute façon, j’ai encore Glamorama dans ma Pal, donc bon…
J’ai lu tous les romans de BEE sauf Les lois de l’attraction et Glamorama.
J’ai beaucoup aimé ses livres , surtout Lunar park que j’ai trouvé fantastique.
Je n’ai pas été spécialement frappé par l’horreur de Moins que zéro, j’ai appréciée l’étude psychologique de Clay, cette montée de la disparition du personnage…
American psycho m’a plus choqué personnellement. L’adaptation cinématographique c’est babar à coté du livre!
J’ai écris quelques articles sur BEE sur mon blog si ca vous interresse…
Pour l’instant, ce n’est que mon 2e Ellis, après avoir lu American Psycho il y a déjà quelques années maintenant.
Concernant l’horreur, ce n’est pas vraiment le bon mot pour moi. Il y a des scènes dures (notamment les passages très rapides sur les snuff), mais à ce niveau là, Rafael, derniers jours m’a semblé nettement plus horrible que ce roman.
Je n’ai pas vu l’adaptation d’American Psycho et je me souviens d’un roman qui m’avait semblé pénible à lire. Mais je n’en n’ai plus vraiment un souvenir précis. Peut-être à relire un jour… En attendant, il me reste toujours Glamorama à découvrir.