Combattre les pertes de mémoire en écrivant ce qu’on risque d’oublier et ce dont on se souvient encore. Une écriture habile, mais un texte auquel il manque un fil conducteur.
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Un livre proposé en service presse par les éditions Rue Fromentin. Merci à eux.
La quatrième de couv :
Place de Chine débute comme un négatif, au sens photographique du terme, du « Je me souviens » de Georges Pérec : « J’ai oublié ». Une litanie qui en dit plus que bien des souvenirs, bien des journaux intimes. Ou comment se raconter « en creux » ; par le manque, par ce qui échappe à la mémoire, par ce qui résiste à l’écriture.
Le texte alterne les registres de langage comme autant d’audaces et passe de la généalogie ironique à la langue administrative de l’Etat civil, en trouvant, à chaque étape, le juste équilibre entre récit et fragments de vie.
Car la langue de Roland Hélié est à part. A l’autofiction et l’autobiographie, il oppose une exigence poétique : celle de l’exactitude, celle du mot juste. Pour écrire, il supprime, il élague, s’inspirant ainsi de la mécanique même de l’oubli. Son approche évoque la rigueur poétique de Francis Ponge (Roland Hélié est d’ailleurs originaire de Montpellier, comme lui), la force d’attraction de Beckett ou encore l’inventivité formelle de Georges Perec. Un texte sur la mémoire et la perte de mémoire ; la redécouverte d’un écrivain et d’une prose d’une grande force, refusant le compromis et l’effet pour viser au plus juste et au plus intime.
Mon avis :
Comment faire quand on commence à perdre la mémoire ? Quand on sent que les souvenirs s’échappent un par un ? On commence par écrire. Les choses qu’on sait qui, déjà, s’évaporent : les prénoms, « l’intérêt […] d’une fraction importante des livres », les codes d’accès, les premiers textes écrits, les idées pour de prochains textes…
Alors ne reste plus qu’à se lancer, pêle-mêle, dans des notules qui mêlent tour à tour l’histoire d’une femme de 82 ans, l’espoir d’une vie meilleure pour un photographe, une chimiste passionnée de littérature. Entre autres. On poursuit ensuite avec une petite gymnastique de l’esprit et les livres qui ont été prêtés aux amis et pourquoi ils devraient, ou non, les aimer. Mais il y a aussi toutes ces femmes qu’il aurait voulues épouser, mais qui lui ont préféré Darwin, Freud ou encore Sade. Alors, avant de se perdre plus avant dans les méandres de la mémoire, le mieux est de revenir à son livret de famille et aux certitudes de l’état civil.
D’une langue nette et précise, l’auteur manie habillement les changements de style au gré des chapitres. Toutefois, il m’a manqué un fil rouge qui aurait servi de conducteur dans ce récit. J’ai eu l’impression d’une accumulation de choses, de faits, mais sans autre but que de servir de pense-bête. C’est le but, c’est évident. Mais, de mon côté, cela a gêné ma lecture. Dommage.
Extrait
Lire un extrait sur le site des éditions Rue Fromentin.
Détails :
Auteur : Roland Hélié
Editeur : Rue Fromentin
Date de parution : 01/09/2011
60 pages
Cette chronique a déjà été lue 4281 fois.
Je l’ai lu la semaine dernière, Delphine me l’avait envoyé. Je l’ai trouvé comment dire ? …Déconcertant ! Car la plume est belle, l’idée intéressante mais il manque une colonne vertébrale. Sûr qu’en 50 pages, il réussit le tour de force d’en dire beaucoup, mais ça ne suffit pas (enfin pour moi !)
Pareil, c’est ce fil conducteur qui m’a manqué, quelque chose à quoi se raccrocher.