Abreuvée de données, de texte sans respiration, j’ai terminé ce texte avec soulagement.
La quatrième de couv :
Il y a vingt ans jour pour jour qu’ils forment un couple.
Vingt ans que leur lien résiste à ce qui érode, sépare et altère les amants du premier soir.
Pour célébrer l’anniversaire de cette énigme, ils ont choisi le Negresco, haut lieu de leur imaginaire intime.
Là, derrière les volets entre-clos d’une chambre autrement plus cossue que celle de leurs commencements, ils viennent de faire l’amour ; et maintenant, sous un rai de soleil où dansent des poussières, chacun s’abandonne à sa rêverie.
Autant dire à la nostalgie, au réveil d’émois secrets, à la révision de son histoire et aux pensées inavouables – ce noyau d’infidélité contre et par lequel ils ont scellé, vingt ans plus tôt, un pacte amoureux dont il vaut mieux ne savoir rien.
Mon avis :
« A quoi penses-tu? » lui demande, en ouverture, celle avec qui il partage sa vie depuis 20 ans. Dans cette chambre du Negresco où il l’a amenée pour fêter cela, cette simple question va emmener le narrateur dans une réflexion sur l’amour, la vie et son mariage, à travers les frasques de Jean-Germain Gaucher, musicien de seconde zone, dont il étudie les œuvres depuis des années.
De Jean-Germain Gaucher, on connaîtra tout ou presque: les années dans un cabaret à composer les musiques des numéros, les espoirs de reconnaissance de ses pairs, les filles de joie, les déchéances, le mariage, ses déboires qui l’amèneront au bord du suicide… Comme pour mieux masquer le reste, le narrateur nous abreuve de détails et d’anecdotes, sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. C’est dense, fouillé, on pourrait presque croire qu’il existe ce compositeur sans grand talent !
Le problème c’est qu’au final je me suis sentie noyée par tous ces détails. Abreuvée de données, de texte sans respiration, j’ai terminé ce texte avec soulagement. Reconnaissant tout de même la belle prouesse de faire tenir tout un livre sur une phrase d’ouverture (« A quoi penses-tu?« ) dont la réponse n’est apportée qu’à la toute dernière ligne: « A rien… »
Détails :
Auteur : Emmanuel Venet
Editeur : Verdier
Date de parution : Août 2013
128 pages
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Un sacré exercice de style. Mais est-ce encore un roman ?
Je dirais que oui! Pourquoi ça n’en serait plus un ?