Véritable ras de marée depuis trois mois, Indignez-vous a dû souvent être posé au pied du sapin de Noël. Des raisons de s’indigner ? Oui, bien sûr, mais on reste quand même un peu sur sa faim.
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Indignez-vous ! Ce livre, je le voyais partout avant Noël. Alors, après La crise, j’ai eu envie de savoir ce qui poussait tellement de gens à s’indigner.
La quatrième de couv :
«93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance !» Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l’expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, élevé à la dignité d’Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d’honneur !
Pour Stéphane Hessel, le «motif de base de la Résistance, c’était l’indignation.» Certes, les raisons de s’indigner dans le monde complexe d’aujourd’hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme. Mais «cherchez et vous trouverez» : l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l’état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au « toujours plus », à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu’aux acquis bradés de la Résistance – retraites, Sécurité sociale… Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l’homme… en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une «insurrection pacifique».
Mon avis :
Indignez-vous ! Efficace comme un leitmotiv, ce tout petit livre de tout juste 22 pages (le reste étant des notes de l’éditeur et une postface) a suscité un énorme engouement juste avant les fêtes, au point que certaines librairies se sont retrouvées en rupture de stock. Plus de 500 000 exemplaires ont été écoulés en à peu près trois mois. Visiblement cadeau de Noël parfait pour de nombreuses personnes, certaines allant même jusqu’à en acheter dix exemplaires pour le faire lire autour d’elles. Et puis, les journaux ensuite. L’express a publié les cinq préceptes principaux, selon eux, de ce livre. Rue89 a consacré une interview intéressante à l’auteur. Slate, Actualitté, LePoint, Le Monde… Tous y sont allés de leur article sur le phénomène Hessel. Alors au final, qu’en est-il de ce livre ?
Il y a déjà un homme, Stéphane Hessel, 93 ans, ancien résistant, membre du Conseil de la Résistance et qui a participé à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Un homme, donc, qui en son temps s’est battu pour une France libre et qui aujourd’hui encore trouve la volonté et la force de se battre pour ses idées. Un homme qui mérite du respect, de mon point de vue.
Ensuite, il y a ces 22 pages. 22 pages qui finalement sont beaucoup trop courtes pour traiter des sujets aussi vastes que les Roms, les sans-papiers, la Palestine, l’écart qui se creuse entre les riches et les pauvres, l’économie mondiale, la Sécurité Sociale, le terrorisme, la responsabilité personnelle… Alors, oui, on a toutes les raisons de s’indigner devant le traitement fait aux Roms et aux sans-papiers. Oui, personne n’aime voir que finalement les riches deviennent beaucoup plus riches pendant que les pauvres sont de plus en plus pauvres. On est tous d’accord pour dire que l’indifférence est pire que tout. Que le terrorisme c’est mal et que la non-violence est une réponse possible aux attaques. Oui à tout ça.
Sur le fond, on tombera (presque) tous d’accord sur les propos de Stéphane Hessel, et comment ne pas l’être ! Sur la forme, il manque une analyse plus approfondie des propos avancés (comment traiter le problème palestinien en seulement deux pages !), des propositions pour avancer et non pas en rester au stade de la critique. Car, en refermant ses quelques pages, on se dit « bah oui, ok, c’est vrai ». Mais finalement, on reste un peu sur sa faim.
En même temps, ce monsieur encore très actif continue à se battre de son côté et certainement à faire des propositions par ailleurs. Ce n’était peut-être simplement pas le but de ce livre. Il reste qu’avec ce titre, l’auteur a réussi à cristalliser le malaise d’une société.
Extraits :
Un premier extrait de ce livre a été posté dans l’extrait du mardi.
Détails :
Auteur : Stéphane Hessel
Editeur : Indigène Éditions
Date de parution : 20/10/10
32 pages
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Je ne savais pas que c’etait si court ! Au fait, pourquoi dis-tu ‘presque’ ?
Oui, oui, vraiment tout petit ! Le « presque » c’est parce qu’il y aura toujours des gens qui trouveront normal certaines choses qui se passent en France… On ne peut jamais mettre tout le monde d’accord, d’autant plus sur des sujets aussi important que ceux-là…
Cela s’appelle surfer sur une vague de mécontentement mais est ce que cela est vraiment analysé ? Cet homme estimable par ailleurs a fait un buzz médiatique mais pas vraiment un livre
Je suis totalement d’accord. Je ne sais pas quel était le but premier de ce livre. Maintenant, il exprime certainement l’avis de beaucoup de monde. Après, c’est vrai que ces sujets méritent une analyse. Côté buzz en tout cas, ça a très, très bien fonctionné. La période de publication s’y prêtait bien aussi…
j’ai plus vu ça comme un appel à l’indignation qu’autre chose : il ne s’agit pas pour l’auteur de partager ses motifs d’indignation, d’expliquer, d’argumenter… mais de nous pousser à nous indigner, en commençant par s’informer et en finissant par s’engager.
enfin, c’est ce que j’en retiens, et c’est un message à garder en tête chaque jour de la vie.
Je comprends l’intention de « faire prendre conscience ». Maintenant je pense que, pour beaucoup, on a déjà conscience, on s’informe et on passe, ou non, à l’action. Le problème, c’est qu’à crier à l’indignation sur des sujets aussi sensibles que la Palestine, sans donner un minimum d’information de contexte, on en arrive à retourner plus de gens contre soi que l’inverse.
Le message global est intéressant, c’est le format qui m’a gênée.
A lire ! Saluer tout d’abord le courage de cet homme de porter publiquement ses critiques et risquer d’en ramasser à son tour. Certes ce livre est court. Certains peuvent penser qu’il n’apporte aucune réponse et pourtant je crois que justement le titre, lui-même, donne toutes les réponses. C’est à nous de les donner, c’est à nous de dire, chacune, chacun, notre indignation, et contrairement aux premiers commentaires entendus dans les émissions TV, Stéphane Hessel n’oblige personne à s’indigner sur les mêmes questions qu’il soulève, mais écrit dans son livre que c’est à chacun de s’indigner pour le sujet qu’il lui tient à coeur, et de nos jours nous avons un panel illimité pour faire notre choix.
Et, merci à Bibliosurf pour la livraison si rapide .
Je suis assez d’accord avec l’ensemble de cette remarque, ce livre est quand même à lire, ne serait-ce que parce que ce monsieur a participé à des moments importants. Il me manque quand même une analyse. Oui, le traitement fait au Roms n’est pas normal, mais comment gérer ce problème en France ? Renvoyer des sans-papiers dans leur pays où, pour certains, ils seront en danger, ce n’est peut-être pas la bonne solution, mais dans ce cas, doit-on accueillir tout le monde en France ? Et si oui, comment gérer socialement et économiquement cet afflue ? Rien n’est simple dans de telles situations. Et c’est dans cette optique que je trouve ce livre trop court…
Sinon, remerciement transmis à Bibliosurf 🙂 Moi aussi j’ai été contente de la rapidité de livraison !
Un livre que je veux livre absolument !
Il paraît qu’il est en rupture de stock dans certaines librairies… Mais en tout cas, très vite lu !
Indignez vous ! oui, je suis souvent indignée – alors il faut réfléchir et trouver des idées :
exemple les Rom – La Roumanie fait partie de l’Europe – ils ont droit à la circulation dans tout le territoire. Faut faire avec.
Proposition – un grand terrain viabilisé dans une des régions peu peuplée – (question de coût, avec aide régionale), dessus une petite usine à travaux ultra simples encadrée par des gens du coin. Elle accueille des populations ROM – ils logent sur le terrain mais doivent se faire embaucher par l’usine à un tarif normal avec contrat de X mois – Puis ils repartent chez eux avec un peu d’argent et cèdent la place à d’autres. Ce travail n’irait pas en Chine, certes, mais il faut savoir ce que l’on veut ! Et plutôt que de donner une subvention gratuite….. car les Roms en général ne sont pas plus fainéants que les autres.Ils bossent souvent au noir. Ils savent même vivre fort durement. Idée basique à développer !
C’est le système en entier qu’il faut repenser. Il n’est pas viable de continuer sur le long terme à penser uniquement en termes de pays ou région. Le problème est global et devrait donc être traité globalement. Sinon on n’avance pas !
« Même si votre livre peut être intéressant, mettre un commentaire de ce style, juste pour en faire la publicité, n’est peut-être pas la meilleure manière de communiquer… »
Bien d’accord. J’ai lu « Indignez-vous » et ce livre est très intéressant de Stéphane Hessel qui nous a malheureusement quitté. Sinon il y a de livres passionnants aux éditions Indigènes.
Je n’ai pas eu l’occasion depuis d’en découvrir beaucoup. Mais ça viendra sûrement 🙂