Quatre nouvelles pour tenter de découvrir de qu’est être un Algérien au 21e siècle !
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Dadi m’a contacté il y a peu, car il souhaitait pouvoir lire Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut de Yahia Belaskri. Écrit par un auteur algérien, ce titre n’est pourtant pas disponible dans son propre pays. Malheureusement pour Dadi, ce livre était déjà parti vers d’autres horizons. Nous avons donc quand même décidé de faire un échange de livres. Il a déjà découvert Murakami et Auslander, et il me fait découvrir des auteurs algériens !
La quatrième de couv :
« Nous avons été tellement écrasés que le jour où nous nous sommes levés, notre échine est restée courbée. Peut-être aussi que nous sommes allés si loin dans l’héroïsme en combattant les envahisseurs que nous sommes tombés dans l’ennui et la banalité. Peut-être aussi que nous sommes convaincus que tous les héros sont morts et que ceux qui ont survécu n’ont pu y arriver que parce qu’ils se sont cachés ou ont trahi. Je ne sais pas, mais je sais tout le reste : aucun Algérien ne peut en admirer un autre sans se sentir le dindon d’une farce. Oui, mais voilà : laquelle ? »
Mon avis :
L’ami d’Athènes, met en scène un coureur de fond sur la ligne de départ. Une fois le top départ donné, il court, court, court à perdre haleine, mais ne sait pas pourquoi il est là à courir. « Comme certains des autres coureurs qui venaient de pays à moitié desséchés, je ne donnais pas l’impression de courir vers l’arrivée mais de fuir ce que j’avais pu quitter dès le départ». Dans Gibrîl au kérosène, un ancien militaire se reconverti en chef d’entreprise. Après avoir trouvé des schémas dans un vieux carton, il décide de construire un avion. Il y arrive grâce à son équipe, mais son propre pays l’ignore. « Ce peuple était creux de l’intérieur depuis trop longtemps et vivait sous terre à force d’aimer ses racines et d’en parler sans cesse. Pour lui, on ne pouvait voler dans le ciel que si on était un oiseau, un Américain, un avion importé, un mort ou une cigogne. » La préface du nègre, nous présente un ancien combattant de la guerre de Libération. Arrivé à la fin de sa vie, il décide de raconter son histoire. Mais comme il ne sait pas écrire, il embauche un nègre pour rédiger le texte à sa place. D’un côté, le vieil homme va en profiter pour s’attribuer de nombreux mérites et pour refaire l’histoire à sa manière. De l’autre, le nègre profite du fait que le vieil homme ne sait pas lire pour écrire son livre à lui. Enfin, L’Arabe et le vaste pays de Ô conclue ce livre. « L’histoire se passe dans un coin du monde si immobile qu’il ne peut servir qu’à raconter le même récit en attendant l’invention de la roue« . Ici, on nous propose de reconsidérer le monde sous un angle un peu différent, un angle où l’homme blanc ne serait pas une sorte de « maître du monde ».
D’une très belle écriture, simple et fluide, Kamel Daoud pose le problème de ce qu’est être un Algérien aujourd’hui. Chacun de ces personnages cherche comment vivre sa vie actuelle avec le poids du passé qu’il porte sur les épaules. Comment arriver à se sortir de ce qu’un pays attend de vous, alors que toute l’histoire a appris à ce même peuple à courber l’échine, à se résigner ? On sent des personnages perdus, à la recherche d’un compromis entre ce que l’histoire leur a transmis et les promesses d’un autre monde possible. Une très bonne entrée en matière pour découvrir la littérature algérienne…
Extrait :
Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.
Détails :
Auteur : Kamel Daoud
Prix : Prix Mohammed Dib 2008
Éditeur : Barzakh
Date de parution : 11/2008
151 pages
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