Notre narrateur va-t-il enfin faire l’amour avec Marie ou vaut-il mieux, pour lui, fuir afin de connaître, enfin, la vérité…
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Il était temps de boucler la boucle : Faire l’amour d’abord, Fuir ensuite et enfin connaître La vérité sur Marie !
Par la même occasion, cela me permet de participer au Challenge littérature belge de Reka…
La quatrième de couv :
L’orage, la nuit, le vent, la pluie, le feu, les éclairs, le sexe et la mort. Plus tard, en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l’amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble.
La Vérité sur Marie n’est pas à proprement parler une suite, mais un prolongement de Faire l’amour (2002) et de Fuir (prix Médicis 2005).
Mon avis :
On aura commencé en hiver, avec Faire l’amour. Puis est venu l’été, avec Fuir. La vérité sur Marie revient un peu en arrière pour nous donner un aperçu du printemps et une continuité de l’été. Mais il nous manque toujours l’automne… Et on aura bien besoin de ce quatrième volet pour comprendre enfin ce qui relie d’une façon aussi étroite nos deux protagonistes. Et ce qui les éloigne en même temps. Car dans ce troisième volet, il n’y a pas de vérité dévoilée sur Marie.
Mais au fond, la vérité sur Marie, on n’a pas vraiment besoin de la connaître, nous. L’important n’est pas là, mais dans le rythme qui parfois s’emballe comme un cheval au galop, pour nous laisser essoufflé, ruisselant, sur le tarmac d’un aéroport. Ou dans ces moments de sensualité, où tout passe à travers un regard, un effleurement, une suggestion. Ou aussi dans le déchainement des éléments qui, toujours, vient surprendre nos deux héros, les laissant en proie aux incendies, aux orages, à la pluie, à la chaleur oppressante et à la nuit. Souvent à la nuit.
Construit autour de trois chapitres, l’écriture dense et encore une fois magnifique nous entraine d’un pays à un autre et d’une saison à l’autre à la découverte d’une Marie qui semble toujours changeante et imperméable à ce qui se passe autour d’elle. Qui pourra un jour saisir qui est Marie ?
Extrait
À une certaine heure de cette nuit – c’était les premières chaleurs de l’année, elles étaient survenues brutalement, trois jours de suite à 38° C dans la région parisienne, et la température ne descendant jamais sous les 30° C –, Marie et moi faisions l’amour à Paris dans des appartements distants à vol d’oiseau d’à peine un kilomètre. Nous ne pouvions évidemment pas imaginer en début de soirée, ni plus tard, ni à aucun moment, c’était tout simplement inimaginable, que nous nous verrions cette nuit-là, qu’avant le lever du jour nous serions ensemble, et même que nous nous étreindrions brièvement dans le couloir sombre et bouleversé de notre appartement. Selon toute vraisemblance, au vu de l’heure à laquelle Marie est rentrée à la maison (chez nous, ou plutôt chez elle, il faudrait dire chez elle maintenant, car cela faisait près de quatre mois que nous n’habitions plus ensemble), et de l’heure, presque parallèle, à laquelle j’étais rentré dans le petit deux-pièces où je m’étais installé depuis notre séparation, pas seul, je n’étais pas seul – mais peu importe avec qui j’étais, ce n’est pas la question –, on peut évaluer à une heure vingt, une heure trente du matin au plus tard, l’heure à laquelle Marie et moi faisions l’amour au même moment dans Paris cette nuit-là, légèrement ivres l’un et l’autre, les corps chauds dans la pénombre, la fenêtre grande ouverte qui ne laissait pas entrer un souffle d’air dans la chambre. L’air était immobile, lourd, orageux, presque fiévreux, qui ne rafraîchissait pas l’atmosphère, mais confortait plutôt les corps dans l’oppression passive et souveraine de la chaleur. Il était moins de deux heures du matin – je le sais, j’ai regardé l’heure quand le téléphone a sonné. Mais je préfère rester prudent quant à la chronologie exacte des événements de la nuit, car il s’agit quand même du destin d’un homme, ou de sa mort, on ne saurait pendant longtemps s’il survivrait ou non.
Détails :
Auteur : Jean-Philippe Toussaint
Prix : Prix Décembre 2009
Editeur : Les Éditions de Minuit
Date de parution : 17/09/2009
208 pages
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J’ai beaucoup aimé « Faire l’amour », alors pourquoi pas continuer ? Ta critique me tente bien…
Il te manque encore Fuir au milieu. Enfin, tu peux comprendre sans aussi. Mais ce dernier est vraiment le meilleur des trois, je trouve.
Bonjour!!:-) Chouette ce site!
Justement, j’avais vu ce livre lors d’une récente visite chez « mon libraire pause déjeuner ».. Je vais peut-être me laisser tenter tout compte fait!
Bienvenue Musa et merci pour ton enthousiasme 🙂 Sympa le concept du « libraire pause-déjeuner », mais ça doit être un peu un piège non ? En tout cas, moi j’aime beaucoup le style de Toussaint. A toi de voir maintenant si tu accroches aussi avec ce style. Bonne lecture en tout cas !
J’ai « faire l’amour » et « fuir » dans ma PAL et je ça m’encourage de voir que tu apprécie le style particulier de l’auteur… C’est une chose que j’aime en général. Maintenant il me faut juste trouver le temps de les lires… Et j’attendrais la sortie en poche de celui là
Il ne devrait pas tarder à sortir en poche je pense. Moi j’avais trouvé le mien chez le bouquiniste. Mais tu verras, Faire l’amour et La vérité sur Marie sont très très bien. Des trois, c’est Fuir que j’ai un peu moins aimé.
Bonsoir, presque 1 an après ma lecture de ce roman (voir mon billet du 05/11/09), il me reste quelques bribes de l’histoire très ténue mais surtout la magnifique prose de l’auteur. Bonne soirée.
C’est la beauté de ce texte. Il n’y a quasi pas d’histoire (et dans Faire l’amour et Fuir, c’est la même chose) mais cette façon d’écrire et de nous emmener avec lui, où qu’il aille, c’est tout simplement génial. Comme toi, j’ai déjà lu La salle de bain et j’ai La télévision en attente… En espérant que ce soit aussi bien. Bonne soirée à toi 🙂