Un roman sombre sur la société, le monde du travail et l’amour, qui vous emprisonne tout doucement dans ses phrases courtes qui vous empêchent de respirer !
Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?
Repéré sur epagine lors de mes derniers achats numériques.
La quatrième de couv :
Dans une ville grise et jamais nommée, baignée par les pluies acides, vit une armée de travailleurs en col blanc, hommes et femmes, qui sortent tous les matins des bouches du métro pour regagner servilement leur bureau. Parmi eux, un employé, l’employé, est prêt comme les autres à toutes les humiliations pour conserver son travail… jusqu’au jour où il tombe amoureux et commence à rêver de devenir un autre. Le récit glaçant d’une déchéance dans un univers où l’entreprise est une machine à broyer les humains, au sein d’une société autoritaire où la surveillance est omniprésente et où la norme fait loi.
Mon avis :
L’employé c’est le titre du livre, le nom du protagoniste principal et sa fonction. Un peu comme dans L’enquête de Philippe Claudel, les personnages ne sont jamais nommés, tous ramenés uniquement à leur seule fonction : l’employé, la secrétaire, le collègue, le chef… Mais cette non-personnification n’empêche pas l’employé de rêver… « Il aime penser qu’il pourrait, malgré son caractère docile, et si les circonstances s’y prêtaient, devenir féroce. Qui sait, il pourrait être un autre. Personne n’est ce qu’il paraît. Il faut que l’occasion se présente pour révéler de quoi on est capable. »
Et le rêve, c’est bien la dernière chose qui lui reste. Son environnement familiale est loin d’être parfait. Avec une femme violente et des enfants qui ne le ménagent pas non plus, l’employé préfère se noyer dans son travail. Même si là non plus, tout n’est pas rose. A tout moment, chacun peut être appelé et renvoyé sur le champs. Une petite rumeur, un rapport mal terminé, des chiffres non atteints et il y en a déjà dix autres prêts à prendre votre place. Et que dire de l’environnement dans lequel tous les personnages évoluent… Un monde qui pourrait ressembler au nôtre, mais où « dans la rue, la brume nocturne empêche de distinguer nettement les hélicoptères, mais ils sont bien là à tourner au-dessus d’eux. Les moteurs, ce ronronnement des hélices, leur omniprésence : des insectes en acier obscur, aux yeux jaunes, à l’affût« . Un monde où « à l’heure où tous vont au travail, les attaques des guérilleros s’intensifient et le trafic du métro peut s’interrompre. Les attentats, un explosif, le gaz empoisonné qui se répand dans les wagons et les tunnels… »
Alors son rêve, son idylle avec la secrétaire, c’est la dernière chose qui lui reste. Quitte à devenir cet autre qui lui fait peur et envie en même temps. Mais la secrétaire est aussi la maîtresse du chef. Et dans un environnement incertain, difficile, cela ne fait que compliquer les choses. Mille questions, mille revirements, mille entourloupes. Pour quoi finalement?
Roman sombre sur la société, le monde du travail et l’amour, ce livre vous emprisonne tout doucement. Inexorablement on suit l’employé dans sa propre déchéance. On le sait qu’elle viendra, on le sent. Et ces phrases qui deviennent de plus en plus courtes, de plus en plus sombres: « Pour lui, maintenant est toujours et toujours est la nuit. Il marche. Il déambule dans les rues. Il marche. Parfois il se retourne pour voir si l’autre le suit. Mais non. Il marche. L’autre n’est plus. Lui est seul. Il marche seul. » On cherche l’air, jusqu’au bout. Respirer un peu avant la chute. Mais il est trop tard. « Désormais, il n’espère plus rien. »
Extraits :
Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.
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Détails :
Auteur : Guillermo Saccomanno
Editeur : Asphalte Editions
Date de parution : Novembre 2012
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Pas trop envie de lire en apnée, pour le moment.
Oui, je comprends… Il faut choisir le bon moment.