On a vu la littérature jeunesse mardi, la SF hier. Aujourd’hui, on part découvrir du polar, du roman et des essais numériques.
Pouvez-vous présenter votre maison d’édition ?
Edicool s’était engagé dans la voie communautaire. Malgré nos efforts et ceux de quelques fidèles, la sauce n’a pas pris. C’est pourquoi nous avons décidé en septembre 2011 de nous réorienter dans de l’édition numérique « classique ». C’est à dire que nous diffusons en numérique les textes sélectionnés.
Edicool, c’est une petite équipe de deux personnes : Alexandre Richard et Paul Leroy-Beaulieu.
Etant donné notre récente réorganisation, peu de titres sont parus mais beaucoup sont en préparation.
Nous diffusons actuellement Journalistes, nous avons besoin de vous par Olivier Cimelière qui mène une réflexion sur la crise des medias et propose des solutions pour que les journalistes retrouvent plus de crédibilité. Il y a également Les Folles de la Nationale 4 par Hervé Fuchs, road movie rock’n roll de la fin des années 1970.
A l’avenir, nous allons privilégier plusieurs pôles. D’abord les essais sur des sujets de société. Ensuite de la littérature « classique » mêlant polars et romans. Et nous allons essayer de développer une troisième voie plus originale, des recueils collectifs. Avec ces recueils, nous allons essayer de lancer plusieurs collections. La 1re est de laisser carte blanche à dix auteurs pour qu’ils s’expriment, en 1000 mots, sur un sujet. Cette 1re expérience est tentée avec le titre 10… Petites suites 2806. L’expérience est plaisante. Une seconde collection, beaucoup plus originale, devrait voir le jour, elle sera centrée sur le bien-être et le développement personnel.
Pourquoi avoir choisi de publier uniquement en numérique et qu’est-ce que cela vous apporte et vous permet d’apporter aux lecteurs ?
Attention, je peux écrire un roman quand il s’agit de défendre la création littéraire numérique 🙂
D’abord c’est un autre canal de diffusion, bien moins contraignant. Pour le lecteur, cela lui permet de lire des textes originaux à petits prix, sans DRM et disponibles partout dans le monde 24h/24 et 365 jours par an !
Pour nous, en tant qu’éditeur, cela nous permet de tenter des expériences enrichissantes qui, sans doute, n’auraient jamais vu le jour sans le numérique. Bref, le numérique est une réelle opportunité ! Il nous est plus facile d’oser et parier sur des textes qui nous plaisent.
Est-ce que le fait de publier en numérique change quelque chose dans votre façon de choisir les prochains auteurs à publier ?
Oui et… Non ! La difficulté avec le numérique c’est de ressortir de la masse. Il est beaucoup plus facile de travailler avec des auteurs qui ont l’habitude des réseaux sociaux, des blogs. C’est beaucoup plus compliqué avec un auteur qui ne sait pas envoyer un mail. Certes, je caricature. Mais il faut bien comprendre que le numérique est un écosystème très différent de l’économie réelle.
Une promotion relayée sur Twitter ou Facebook par les auteurs avec qui nous travaillons facilite la chose. Je ne dis pas que nous nous croisons les doigts 🙂 Je pense simplement que les attentes des uns et des autres sont plus conformes aux réalités d’un marché naissant. Travailler avec des « auteurs numériques » permet aussi de rassembler les compétences. Disons que nous sommes plus sur la même longueur d’ondes qu’avec d’autres auteurs pour qui internet est encore une idée un peu vague.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Il y en a beaucoup. Mais un nous tient plus particulièrement à cœur : développer ces recueils collectifs. C’est une expérience très enrichissante. Les auteurs jouent volontiers le jeu. En fin de compte, vous avez un livre qui comporte 10 textes de 1000 mots indépendants les uns des autres, 10 styles différents, sans DRM et à 3,99 euros. Le gros avantage pour le lecteur : pouvoir passer d’une nouvelle à l’autre, pouvoir lire une nouvelle rapidement grâce à ce format de textes courts. Bref, le retour à la vraie notion de lecture.
Je crois que transposer un livre papier en numérique est plus compliqué. Les formats longs sont plus difficilement vendables.
Un texte en particulier à nous recommander pour découvrir votre maison d’édition ?
Il est sorti aux alentours du 15 novembre. Il s’agit de 10… Petites suites 2806, et est diffusé sur Edicool, iBookstore et KindleStore. Ce sont dix auteurs qui donnent leurs visions de ce qui se serait passé dans cette fameuse suite 2806. Tous les textes sont très différents. Je tiens à remercier ici ceux qui se sont prêté au jeu : Agnès Lambert, Aurore Jacob, Cyrille Frank, Déesse K, Franck-Olivier Laferrère, Sylvain Souklaye, Thomas Galley, Vanda Vacarme, zzouzz et surtout Vincent Bernard qui a permis avec sa bonne volonté habituelle de rendre ce projet concret.
Url: www.edicool.com
Twitter: @EditionsEdicool
Merci à Paul Leroy-Beaulieu d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
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le concept répond sans doute à une demande et je crois que l’édition numérique, pour qu’elle sorte du lot , doit effectivement explorer de nouvelles formes d’écriture, oser même ce qui peut sembler incongru, bref sortir de la forme romanesque classique. Par contre lorsque vous dites « pouvoir lire une nouvelle rapidement grâce à ce format de textes courts. Bref, le retour à la vraie notion de lecture. » là … je m’élève, je m’indigne, je râle haut et fort !!! NON, la vraie notion de lecture n’est pas la rapidité !!! ni le zapping de textes courts !!! en quoi cela serait-il « vrai’ en quoi la rapidité serait-elle une notion de lecture ? lire nécessite de la lenteur, le mot doit pénétrer, se laisser déshabiller, se faire triturer par le lecteur, se déguster, se digérer bref ne pas se laisser avaler tout rond….(je ne parle pas de lecture érotique 🙂 . Je crois que c’est un très mauvais argument pour votre maison d’édition que de vouloir expédier vos textes à la vitesse grand V ..
Bonjour Anne,
D’abord merci pour ce commentaire 🙂
Non, je n’entends pas par « lire une nouvelle rapidement » expédier un texte à toute vitesse, bien au contraire…
Ce n’est pas non plus une question de zapping ou de rapidité! Il nous semble juste important que le livre, tel que « compris »par le numérique, soit accessible et représente une découverte sans cesse renouvelée.
Il s’agit là de mobilité, de facilité d’accès et de quelque chose comme un « retour au livre sans la contrainte de l’objet en se centrant essentiellement sur le texte ».
Jamais un ami ne vous a dit en vous confiant l’objet : « C’est très bien écrit, ça se lit vite et… »? C’est ce que nous avons cherché à faire avec les 10 : un recueil à la fois cohérent et imaginatif, des styles différents, des histoires différentes, mais un seul et même point de départ.
L’originalité de ces 10 suites réside dans le fait que chaque texte a sa singularité mais aussi sa profondeur. Et c’est là que je vous rejoins Anne, oui il est possible de lire rapidement une suite, mais cette invitation n’entraine nul besoin de la survoler, bien au contraire elle promet d’y retourner bien plus longtemps pour comprendre le sens des mots.
Ce n’est pas un zapping de textes courts, c’est un choix délibéré de l’auteur de délivrer tel ou tel mot.
Je pense vraiment que ces formats courts publiés en numérique permettront la rencontre de styles d’écriture différents et donneront la possibilité au lecteur de découvrir en (lisant) s’amusant.
Attention j’entre dans la danse, l’oeil sombre et la canine acérée 🙂
Tout d’abord, les 10… sont une proposition et non une solution. Ensuite, il me semble nécessaire de ne pas confondre rapidité de lecture et zapping. Pour cause, on peut très bien passer une vie à zapper d’un 240 000 signes formatés à un autre, sans avoir rien lu, tout simplement parce qu’il n’y a rien à y lire.
Et à l’inverse, il est maintenant possible, par exemple, de passer de l’univers Georges Bataille à celui Roberto Bolano en 1000 mots.
Là, à mon avis, à l’heure actuelle, il y a aussi peu de textes longs qui le permettent que de lecteurs prêts à tenter délibérément l’aventure de ces langues raides, arides, ténues…
Du coup, le concept ne répond pas à une demande, mais plutôt à une double question : comment ouvrir la voie à des styles, des plumes, des propos, tout en adaptant formats et contenus à cet outil que quasiment tout le monde a presque tout le temps sur soi ?