De l’émotion dans ce roman qui mêle l’histoire d’amour de deux femmes dans les années 20 à l’Histoire. Beaucoup de frissons lors de la rencontre avec l’auteur et beaucoup de frissons également lors de la lecture. A découvrir !

Mais d’où t’es venue l’idée de lire ce livre ?

Il y a presque huit mois, La cour des grands organisait une rencontre avec Claudie Hunzinger. Il y avait beaucoup de frissons dans la salle le soir-là et, même si j’ai acheté le jour même le livre, il me faisait un peu peur. Peur d’être déçue, après l’émotion ressentie face à l’auteur, mais en même temps, peur de la charge émotionnelle qu’il pouvait dégager. Alors j’ai pris mon temps avant de l’ouvrir. Et j’ai attendu le bon moment pour l’aborder…

La quatrième de couv :

C’est l’histoire d’amour entre Emma et Thérèse qui se sont rencontrées à Nancy, dans une classe préparatoire au concours d’entrée à Fontenay, dans les années 20. Cette histoire, Emma l’a relatée dans la correspondance et les cahiers qu’elle a tenus tout au long de sa vie, et dont s’est inspirée Claudie Hunzinger, sa fille, pour écrire le roman de ces deux femmes.

Cet amour est un modèle d’audace et de liberté. Éloignées l’une de l’autre par les postes où elles sont nommées, elles s’écrivent et essaient de s’accommoder de ces solitudes imposées. Si Emma, modèle de vitalité, y parvient sans peine (et non sans infidélités), Thérèse souffre et n’aspire qu’à retrouver Emma. Celle-ci finit par se marier peu de temps avant que la guerre n’éclate. Thérèse a été nommée en Bretagne, tandis qu’Emma, désormais en charge d’une famille, enseigne en Alsace. Les circonstances tragiques imposées par l’Histoire vont alors les empêcher de jamais se revoir. Thérèse, la délicate, la fragile, est devenue responsable d’un réseau armé en Bretagne puis capturée par la Gestapo et torturée quatre jours consécutifs, elle mourra sans avoir parlé : une héroïne magnifique, restée une héroïne invisible. Personne ne sait aujourd’hui qui elle fut. L’engagement des femmes dans le chapitre de la guerre est très peu connu. Emma, de son côté, meurtrie par un mariage qui ne lui convient guère, continue à écrire. On lit dans un cahier la dernière partie de sa vie : « C’est par la dévastation de moi-même que je me suis finalement construite. » Romancées par Claudie Hunzinger, se déploient ainsi deux trajectoires dont on n’a jamais tout à fait la clef. L’énigme et les fragments des destinées de ces deux femmes fondent l’essentiel poétique de ce roman.

Mon avis :

« J’avais attrapé la baleine, et c’est moi qui l’avais avalée. Il le fallait. C’était l’enjeu vital d’un roman d’une fille sur sa mère. » Voilà comment Claudie Hunzinger présente son livre sur son site. Et il en a fallu du courage pour aborder l’histoire de cette femme, Emma, sa mère. Emma, c’est celle qui est pleine de vie, celle qui ose. En formation pour devenir professeur des écoles, elle découvre la vie, l’amour et l’écriture dans des carnets qu’elle tient presque tous les jours. Et ce qu’elle écrit, entre autres, c’est son histoire d’amour. Une histoire un peu particulière, car la personne qu’elle aime c’est Thérèse. Et on est dans les années 20… Thérèse, elle, est discrète, fragile, pas toujours très sûre d’elle. Au travers des lettres échangées, qu’Emma a scrupuleusement reportées dans ses cahiers, on suit leur histoire, au gré de leurs affectations, jamais au même endroit en même temps. Et tandis qu’Emma mort la vie à pleine dent, Thérèse, elle, se morfond, comme un peu dans l’ombre de sa maîtresse.

Mais le climat change tout doucement. Leur histoire est rattrapée par l’Histoire et Emma va vite se marier, tout en continuant à écrire et voir Thérèse de temps en temps. Emma va se ranger, faire des enfants, perdre de sa vitalité. Thérèse, elle, dans l’ombre, va s’engager dans la résistance. Et Claudie Hunzinger va enquêter sur cette femme que sa mère a aimée. Elle part à la rencontre de ces gens qui l’ont connue, aidée, cachée et c’est une toute nouvelle facette de Thérèse qu’on va voir s’esquisser.

« Un roman ? C’était une évidence. La structure romanesque était déjà là dans sa dimension tragique, au fond de ces deux vies pensées librement comme un tout, et qui soudain ont bifurqué. Qui dès lors se sont trouvé prises au piège de l’Histoire. Qui s’y sont détruites toutes les deux. Il y avait là deux personnages splendides, une intrigue forte dans un contexte historique fort. » C’est ainsi que Claudie Hunzinger voit son histoire. Et avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et d’émotions, elle va nous livrer l’histoire de sa mère, Emma, et de sa maîtresse. Mais elle ira aussi creuser dans les recoins sombres de sa famille pour lier cette histoire à la grande Histoire. Et, dans cette période sombre de la Seconde Guerre mondiale, sans jugement de valeur sur les prises de position de chacun, elle va mettre en valeur celle qui a aimé sa mère et c’est battu, au final, pour sauver des vies.

Extraits :

Un extrait a été publié dans l’extrait du mardi.

Lire aussi deux extraits disponibles sur le site de Claudie Hunzinger : Extrait 1Extrait 2

Détails :

Auteur : Claudie Hunzinger
Editeur : Grasset
Date de parution : 25/08/2010
252 pages

Ce livre voyage dans un premier temps chez Alex-Mots-à-Mots. Puis, il ira rejoindre 32Octobre. Peut-être ensuite chez Krol qui est pourtant déjà débordée de livres. Où fera-t-il halte ensuite ?

Cette chronique a déjà été lue 10481 fois.

%d blogueurs aiment cette page :